Le Site

 FAQ -  Recherche -  Membres  -  Inscription 
 Profil -  Se connecter pour vérifier ses messages privés -  Connexion 
Les reportages

[JACARANDA], de Kotobuki Shiriagari.

 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Forums -> L'Agora Manga
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
otarie
Mangaversien·ne


Inscrit le : 30 Juin 2005
Localisation : Helium, Barsoom.

Message Posté le : 07/10/06 22:53    Sujet du message: [JACARANDA], de Kotobuki Shiriagari. Répondre en citant

Jacaranda (pas d'accent sur le dernier a sur la couverture française, alors qu'il se trouve parfois, notamment sur la couverture japonaise, même si le mot en lui-même enfin on s'en tape quoi).


Juin 2005 chez Seirinkogeisha.
Octobre 2006 chez Kankô.

Un manga de Kotobuki SHIRIAGARI (しりあがり 寿).

Un jacaranda, c'est un arbre. Brésilien, normalement. A peu près. Le Jacaranda mimosifolia, espèce la plus connue, est joyeusement surnommé le flamboyant bleu. Même si jusqu'à preuve du contraire, ses fleurs ont plutôt l'air d'un joli violet pâle, mauve, éventuellement (et encore) bleuâtre.
Quoi qu'il en soit, c'est agréable à regarder.

Donc, pourquoi cet arbre ?
Dans Jacaranda, il occupe une place toute singulière. Eh oui. A la fois la base de l'histoire (en une nuit, un arbre pousse, croissance folle, et détruit Tokyo) et sa fin. Ainsi que bien évidemment une sacrée partie du milieu.
Cette idée d'un arbre qui arrive de nulle part et détruit tout, est-ce une idée écolo, du genre la revanche de la nature sur les méchants pollueurs ? Bof, pas vraiment, encore qu'une lecture qui laisserait ce genre de sentiment à quelqu'un ne m'étonnerait pas spécialement.
Kotobuki Shiriagari énonce lui-même qu'il n'a pas de réponse à donner au sens de cette histoire, et je crois bien que de mon côté j'en suis au même point que lui.

Cette idée lui, dit-il, est venue en rêve. Si forte qu'il en a fait tout un manga. 300 pages, représentant pour la plupart des scènes de fureur, d'explosions, de feu, etc. Des scènes (on pourra parler de Dragon Head pour rapprocher sur certains points) répétées, parfois allant jusqu'à l'esquisse, qui se suivent, se ressemblent souvent, dans un mouvement relativement puissant, un flux et reflux d'un sacré bordel. Un rythme étrange. Démesuré comme l'arbre dont il est question, lent ou dilaté sans que cela devienne pourtant une source de gêne. C'est une sorte de strip de 4 cases, développé sur 300 pages. Un peu longuet peut-être par moments (vers la fin de la nuit, dirons-nous), mais rien de réellement problématique.


Donc, pourquoi cet arbre en particulier ?
Peut-être parce que c'est zoli. Imaginez un platane géant. Ou même un chêne (géant, lui aussi). Pour représenter l'espoir, la renaissance qui arrive avec l'aube, c'est assez moyen tout de même. Alors qu'un bel arbre fleuri, avec de belles fleurs d'une belle couleur mauve, avec le beau soleil qui monte derrière, après une nuit d'obscurité de bruit et de fureur à peine mangée par le feu et ce qui va avec, ça fait un foutre de contraste et c'est surtout directement expressif. Tout le renouveau, après la nuit et la folie, le côté catastrophique étendu, qui se concentre autour de cet arbre majestueux passe tout de même bien mieux avec ça qu'avec un peuplier.


Tout de même, avant l'arrivée destructrice de l'arbre ainsi qu'aux débuts de son évolution en surface, Shiriagari présente une partie (?) d'une société japonaise assez peu reluisante. Le titre débute par une agression dans un train, à base de vieux pervers et de jeune un peu folle aussi. La suite, qui annonce l'arrivée du jaracanda, fait la part belle à la forte présence de la télévision, du manque d'intérêt et cynisme de bien du monde. Peut-être de l'incapacité à voir ce qui est pourtant évident.
Et puis patatras. La destrcution grandit, et ça meurt de partout, pendant que le récit s'étale. Jusqu'au matin durant lequel les "survivants", face à la beauté et au répit, ne peuvent que se soumettre encore, mais ici comme purifiés (...).

A noter que le volume contient également une petite postface ainsi qu'une dizaine de pages sur l'auteur; une interview à propos de Jacaranda qui pourra apporter quelques lumières sur la façon dont il voit son travail, dont il l'a conçu, une présentation de Shiriagari par Julien Bastide, et une vue d'ensemble de ses autres Å?uvres.
A noter aussi que dans sa postface, il s'excuse auprès du jaracanda, l'arbre, le vrai, qui est bien incapable de jour de si mauvais tours... Hihi.

A voir aussi, sur le titre;
- Sur du9 et par XaV, une chronique de Jaracandá.

A voir aussi;
- Saruhage, le site de l'auteur.
- Une interview du monsieur, par XaV, sur du9 (réalisée pendant le dernier festival d'Angoulême).
- Ainsi qu' (toujours au même endroit) une chronique d'Hinshi no essayist.
- Une présentation de l'auteur, par Julien Bastide, sur le site du festival d'Angoulême.
- Et encore plus.
- Quelques photos prises lors de l'exposition consacrée à Shiriagari, toujours en rapport avec Angoulême.
- Et le compte rendu de la conférence « REGARD SUR LE MANGA IND�PENDANT » , à Angoulême 2006 toujours, compte rendu réalisé par Tanuki (et encore facilement trouvable sur le forum).

Deux petites photos (copyright herbv d'ailleurs), de la performance de Kotobuki Shiriagari à Angoulême (à savoir faire une fresque (un bien grand mot) sur la durée du festival) l'une pendant, l'autre à la fin. Et une autre avec le gugusse qui pose devant (copyright Laurent Mélikian :') ).

(avec un petit google images (à la fin du bouquin aussi), vous trouverez quelques autres photos de l'avancement de cette fresque)
_________________
festin + fricassée (maintenant avec parfum amélioré)
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web de l'utilisateur
herbv
Modérateur


Inscrit le : 28 Août 2002
Localisation : Yvelines

Message Posté le : 08/10/06 12:30    Sujet du message: Chronique Répondre en citant



Pour poursuivre l'intéressant message d'Otarie, je vais y aller de mon (petit) texte sur ce manga. J'ai lu cette semaine avec beaucoup d'intérêt Jacaranda même si cet intérêt s'est émoussé largement au fil des pages.

Jacaranda, l'impression de lecture
La première partie, où l'apparition du jacaranda est développée, est intéressante car la peinture qui est faite de la société tokyoïte, de la critique envers les médias audio-visuels, la communication moderne reposant sur la téléphonie mobile, le modernisme sous toutes ses formes qui isole les gens dans des bulles et les déconnecte de la réalité était fort plaisante. C'est ainsi que les 90 premières pages représentent pour moi le meilleur moment du manga. Ensuite, la longue série de catastrophes, qui me semblent parfois largement exagérées, lasse assez rapidement. L'accumulation des explosions, des accidents et de leur description plutôt réaliste pendant 150 pages fait qu'on décroche de plus en plus de l'histoire. Le délayage excessif a toujours été l'ennemi numéro 1 du manga et la démonstration en est de nouveau faite. Mais le pire reste à venir. Toute la scène finale de l'aube se levant sur les survivants et sa résonance écolo m'a laissé de marbre. Décidemment, il me semble que le message est bien trop naïf à la fin et il n'y avait peut-être pas besoin de 60 pages pour cela même si elles sont très bien faites.

Ceci dit, même s'il s'agit d'un avis mitigé, je conseille fortement la lecture de Jacaranda aux gens curieux de découvrir un auteur différent. Si sa narration de la disparition de quartiers entiers de Tokyo est somme toute classique, elle est très efficace. Après tout, Tokyo est une vaste mégapole et il est logique que les scènes de destructions se répètent ad nauseam pendant des dizaines et des dizaines de pages. L'auteur nous convainc de sa démarche à force de répétition et jusqu'au dégoût. Par conte, ça se lit très vite car le plus souvent, il y a trois ou quatre cases par page (au lieu de 5 ou 6 dans des mangas "classiques"). Concernant le dessin, il est stupéfiant comment Shiriagari réussit à mélanger un dessin précis (le décor) à un dessin hachuré, les scènes de destructions ou les personnages, qui peut aller à une sorte de simple esquisse brouillonne. Cela donne une vivacité à son dessin assez extraordinaire. Par contre, il faut aimer, c'est assez spécial. Les fans d'Obata ou de Taniguchi passeront leur chemin tellement cette démarche est inverse de celle de ces deux auteurs, qui nous propose un dessin très travaillé, très lisse mais très figé. Malgré l'aspect peu soigné du dessin, l'auteur réussit parfaitement à faire passer les expressions de ses personnages, à rendre l'horreur des scènes de catastrophes. On a vraiment là quelqu'un qui maîtrise son médium.


(cliquer sur l'image pour l'avoir en plus grand)
Voici une belle démonstration de la virtuosité graphique de l'auteur. A l'arrière plan, la maison, figée, est dessinée de façon claire. Celle qui disparaît dans le fleuve est dessinée de façon plus hachée, ce qui permet un bon rendu de la vitesse de l'événement. Quand aux personnages, ils sont dessinés "à la" Shiriagari, à grand coups de traits brouillons. Mais cela n'empêche aucunement un bon rendu des expressions.

Jacaranda, la version française
Parlons un peu de la version française. L'objet en lui même est réussit. Il nous est proposé sous la forme dâ??un livre broché avec une couverture rigide recouverte dâ??une mousse puis dâ??une sorte de plastique sensé représenter une sorte de tissus. Ã?a change de ces fichues jaquettes. Lâ??impression est correcte même si certaines pages de mon exemplaire sont un peu claires. Quand au contenu, mon avis est plus mitigé. Si la traduction me semble être de qualité (mais je ne suis pas très bon juge sur ce point) encore que je ne suis pas tout à fait d'accord avec le choix de certains sons (mais les onomatopées sont ce qu'il y a de plus difficile à traduire et qu'il y a plusieurs façons valables pour rendre un son), on en dira pas autant de l'adaptation graphique. Il faut dire que si on avait cette fois un duo traducteur-adaptateur (le meilleur moyen pour obtenir une traduction de qualité), c'est GB One qui s'est occupé du lettrage. Et comme il s'agit ici d'une édition "de luxe", le lettrage demandait de l'inventivité, du sens artistique pour coller au dessin et à la narration. Malheureusement, la limite de ce studio éclate pratiquement à chaque page. Ce n'est pas que techniquement ça soit mal fait (on a vu tellement pire et pour une fois, GB One n'a pas salopé les scans) mais on sent que c'est fait mécaniquement, sans recherche. Toutes les onomatopées françaises se ressemblent alors que l'auteur a cherché à alterner sons graves et sons aigus selon la scène représentée. Il explique même dans son intéressante interview réalisée par l'adaptatrice (pour une fois qu'une interview est intéressante) que c'est une des bases de sa narration pendant les scènes de destruction. Et bien, rien de cela ne ressort dans le lettrage de GB One, c'est toujours la même police ronde qui est utilisée. Mais bon, il ne faut pas attendre grand chose du boulot de GB One, ce sont des tâcherons qui privilégient le prix de leur prestation à la qualité de celle-ci.

Pour ne pas finir sur une note négative, saluons la présence de pages bonus très intéressantes. Outre une post-face de l'auteur, on a une interview très bien faite, un portrait de lâ??auteur (mais assez anecdotique) et une petite bibliographie très bien faite. Il faut dire que ces bonus ont été réalisés par les deux personnes qui ont organisé l'exposition Shiriagari à Angoulême 2006. Difficile de trouver mieux, n'est-ce pas ? Sourire


(cliquer sur l'image pour l'avoir en plus grand)
Cet extrait de la page 260 est un exemple frappant, grossissant même, de mes réserves sur la version française. Le traitement de l'onomatopée est nul avec une police qui ne permet absolument pas un bon ressenti. Elle est bien trop lisse et ronde et cela est encore plus frappant quand on la compare à la version originale. Pourtant, passer un peu de temps pour faire un bon choix de police me semble être le minimum. Ici, on ne l'a pas. De plus, je ne suis pas d'accord avec l'adaptation en "rorooro", surtout que ce son a été utilisé quelques pages auparavant avec une autre onomatopée japonaise. Un "frrrrr" ou un "frrrroooo" me semble plus correspondre au bruit des flammes en train de tout dévorer. Mais il s'agit là d'un avis subjectif très discutable.

En tout cas, je félicite Kanko de nous proposer cette oeuvre. Même si les débuts de ce nouvel éditeur ne sont pas parfaits, loin de là, il réussit à proposer quelque chose de neuf dans le paysage du manga francophone grâce, pour l'instant, à Sarami, princesse de l'enfer et Jacaranda (sans oublier que j'ai beaucoup aimé Diamonds mais là, Kanko n'a pas franchement fait office de découvreur). J'espère que Kanko va développer une politique d'auteurs à la Akata / Sakka et nous proposer d'autres oeuvres des mangakas qu'il nous permet de découvrir. Et dans l'immédiat, j'attends Survivant et L'orchestre des doigts avec une certaine impatience.
_________________
Simple fan (auto-proclamé) de Rumiko Takahashi
Chroniqueur à du9
Ténia de Bulledair
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Envoyer l'e-mail Visiter le site web de l'utilisateur
jbastide
Mangaversien·ne


Inscrit le : 04 Août 2006

Message Posté le : 08/10/06 15:47    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis un peu géné de m'exprimer sur ce sujet dans la mesure où je suis impliqué jusqu'au cou dans la découverte de cet auteur en France (ceci dit je n'ai pris aucune part dans la conception de cet ouvrage), mais je voulais tout de même remercier otarie et herbv pour l'intérêt et l'enthousiasme qu'ils manifestent pour le travail de M. Shiriagari, et en particulier "Jacaranda". Ca fait plaisir.

Par ailleurs, je voulais éclaircir ici les raisons qui m'ont poussées à écrire le portrait qui se trouve en fin d'ouvrage, que notre impitoyable ami herbv ne peut s'empêcher de trouver "anecdotique". Le fait est qu'il s'agit d'un article très subjectif, où j'évoque l'auteur au fil de mes rencontres successives avec lui. L'éditeur et moi avons simplement pensé qu'avoir un aperçu de sa personnalité aiderait les lecteurs à mieux appréhender cette oeuvre.

Enfin, concernant le récit, j'aimerais apporter deux éléments à votre réflexion. Tout d'abord, je pense que "Jacaranda" est un livre nettement plus complexe et profond qu'il peut sembler au premier abord, car il peut se prêter à de nombreuses interprétations et sollicite une véritable implication de notre part. En cela, c'est une oeuvre respectueuse du lecteur, qui ne cherche pas à imposer du sens, mais à susciter un réflexion. Ensuite, il y a dans la structure quelque chose de très musical (cela est d'ailleurs évoqué par l'auteur dans l'interview) qui fait de "Jacaranda" un véritable opéra de papier, entraînant le lecteur au fil des images dans une expérience sensorielle qui va au-delà de la simple lecture. Bref, il s'agit là à mon sens d'un type de bande dessinée totalement inédit, mais encore une fois, je ne suis pas forcément le mieux placé pour en parler.
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
herbv
Modérateur


Inscrit le : 28 Août 2002
Localisation : Yvelines

Message Posté le : 08/10/06 16:23    Sujet du message: Répondre en citant

Concernant ton texte présentant Shiriagari aux lecteurs de Jacaranda, je le trouve anecdotique dans le sens qu'il nous propose une série d'anecdotes personnelles permettant d'avoir, comme tu le dis, une meilleure compréhension de lâ??auteur. Anecdotique ne veut pas dire sans intérêt, même si, effectivement, je dois reconnaître que j'ai largement préféré l'interview.

Concernant Jacaranda, et c'est le plus important, je pense aussi qu'il y a plusieurs façons de l'apprécier. D'ailleurs, je trouve que l'excellente chronique de XaV met bien en valeur la difficulté que l'on peut avoir à appréhender des oeuvres aussi puissantes et originales. D'ailleurs, je pense que je l'apprécierai plus à la relecture, en découvrant une foule de petits éléments qui me feront mieux comprendre la profondeur du récit (par contre, la musicalité d'un texte, je n'ai jamais réussi à la ressentir).
_________________
Simple fan (auto-proclamé) de Rumiko Takahashi
Chroniqueur à du9
Ténia de Bulledair
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Envoyer l'e-mail Visiter le site web de l'utilisateur
XaV
Mangaversien·ne


Inscrit le : 30 Mai 2006
Localisation : Paris

Message Posté le : 10/10/06 11:05    Sujet du message: Répondre en citant

herbv a écrit:
D'ailleurs, je trouve que l'excellente chronique de XaV met bien en valeur la difficulté que l'on peut avoir à appréhender des oeuvres aussi puissantes et originales.


Hm. J'ai beau lire et relire cette phrase, je n'arrive pas à savoir si je dois le prendre comme un compliment (après tout, elle est "excellente"), ou comme une critique comme quoi j'y aurais rien pigé du tout ("met bien en valeur la difficulté que l'on peut avoir à appréhender").

De manière plus globale, je trouve intéressant le travail des nouveaux éditeurs qui font découvrir des choses vraiment différentes, et pas toujours des plus accessibles. Shiriagari Kotobuki, mais également Abe Shin'ichi ou Nekojiru Udon, entre autres.
C'est tout un pan de la production Garô ou Ax que l'on est en train de pouvoir découvrir, des Å?uvres non formattées, intéressantes tant au niveau graphique que narratif.

Par contre, il faut bien se dire que pour ces éditeurs (et ces auteurs par ailleurs), c'est plus la découverte de nouvelles sensibilités qui compte que d'essayer de bénéficier de la dynamique "sérielle" des manga. Alors oui, on ose imaginer que puisqu'on parle beaucoup de manga en ce moment, ils vont pouvoir jouer sur la curiosité de certains lecteurs, mais je doute qu'on ait le même engouement que sur les choses plus mainstream.
(Je ne sais pas si je suis très clair ou cohérent, vivement les vacances)


Dernière édition : XaV le 15/09/11 17:02; Edité 1 fois
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web de l'utilisateur
herbv
Modérateur


Inscrit le : 28 Août 2002
Localisation : Yvelines

Message Posté le : 10/10/06 11:24    Sujet du message: Réponse Répondre en citant

C'était un compliment, XaV Sourire (mais effectivement, je ne suis pas très clair, c'est parce que je dois avoir du mal à dire du bien quand j'écris Très content). Je trouve que tu mets bien en avant la difficulté que l'on peut rencontrer à apprécier Jacaranda, difficulté que j'ai eu car après un début de lecture très enthousiaste, j'ai fini assez difficilement Sourire.

Quand aux perspectives commerciales, je serais encore plus affirmatif : Je n'ai aucun doute que ça ne se vende pas réellement (j'espère juste que ça sera assez pour rentabiliser les titres). Mais au moins, ça permet de se démarquer de la masse des sorties. Pour ma part, je suis très content de pouvoir lire des titres publiés en leur temps dans Garo, Ax (voire IKKI) même si je m'aperçois que j'ai beaucoup de mal à en apprécier certains. En tout cas, je continuerais à les acquérir, au moins pour soutenir la démarche de ces éditeurs.
_________________
Simple fan (auto-proclamé) de Rumiko Takahashi
Chroniqueur à du9
Ténia de Bulledair
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Envoyer l'e-mail Visiter le site web de l'utilisateur
XaV
Mangaversien·ne


Inscrit le : 30 Mai 2006
Localisation : Paris

Message Posté le : 10/10/06 12:07    Sujet du message: Re: Réponse Répondre en citant

herbv a écrit:
Mais au moins, ça permet de se démarquer de la masse des sorties. Pour ma part, je suis très content de pouvoir lire des titres publiés en leur temps dans Garo, Ax (voire IKKI) même si je m'aperçois que j'ai beaucoup de mal à en apprécier certains.


Justement, je trouve que c'est ça qui est intéressant. En ce qui me concerne, j'avoue que de lire une énième resucée de la formule Dragon Ball, aussi bien faite soit-elle, ne m'intéresse pas.
Les Å?uvres qui demandent un effort au lecteur sont souvent celles qui se révèlent au final les plus riches -- et les plus mémorables. Ce sont également souvent celles qui font preuve d'une véritable personnalité, et j'irais même plus loin en affirmant que c'est souvent dans leurs défauts que ces livres sont attachants.
C'est une des raisons pour laquelle Tokyo Tribe 2 est à mes yeux intéressant -- la narration d'Inoue Santa n'est pas toujours très subtile ou très maitrisée, mais il en sort une telle énergie et un tel enthousiasme que je prends du plaisir à la lecture, et que c'est à mon sens un bouquin intéressant dans le paysage manga.
Au même titre qu'un Kaneko Atsushi ou un Takahashi Tsutomu ou un Mochizuki Minetarô, tous évoluant dans un relatif mainstream, mais avec une voix véritablement unique.

Bref, j'ai un peu dévié (et c'est une récente discussion avec Julien Bastide qui en est la cause), mais pour revenir au sujet de base, je trouve que c'est plutôt sain pour le manga en France en général qu'on puisse mettre en avant une production différente, au point d'être polarisante au niveau des lecteurs. Car c'est un peu de là aussi que peut émerger un débat plus riche, loin des discussions trop pointues de fanboys.

(et sur un sujet annexe, il n'y a pas de honte à ne pas tout apprécier dans le manga, c'est plutôt une bonne chose. Je n'arrive pas à comprendre ceux qui cherchent à tout lire, à tout connaître -- ce qui fait l'intérêt d'un lecteur, c'est également ces choix, ses préférences, ses envies. Fin de la parenthèse)
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web de l'utilisateur
jbastide
Mangaversien·ne


Inscrit le : 04 Août 2006

Message Posté le : 10/10/06 14:58    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
(par contre, la musicalité d'un texte, je n'ai jamais réussi à la ressentir).


Je ne parlais pas du texte, mais peut-être me suis-je mal exprimé, car ce que j'ai ressenti à la lecture de "Jacaranda" est très complexe à décrire. Je parlais d'une forme de musicalité dans la succession des images: au début du livre, on suit l'action en se raccrochant aux dialogues, puis ceux-ci disparaissent progressivement pour laisser place aux séquences de destruction. Pour ma part, je n'ai ressenti aucun ennui en parcourant ces pages, et même au contraire une sorte d'exaltation intérieure, entraîné par ces images comme par une symphonie belle et triste à la fois. A ce titre la lecture de "Jacaranda" était une expérience très intense, aussi bien sur le plan intellectuel qu'émotionnel. Et je ne peux pas dire ça de toutes les BD que je lis...

Sinon, je n'ai pas grand chose à rajouter à ce que tu écris, XaV. Il est clair que des oeuvres comme "Jacaranda", "Cornigule" de Kurihara chez Cornélius, ou les livres de Abe chez Picquier et au Seuil (je n'ai pas encore lu "Tokyo tribe 2") m'intéressent infiniment plus que la plupart des mangas "mainstream" - bien que j'adore "Subaru" ou "Zipang" par exemple -, malgré leurs imperfections et peut-être bien à cause d'elles, je te rejoins aussi là-dessus. Pour moi, c'est essentiellement lié à l'originalité et l'ambition du propos. Finalement, peu importe le degré d'achèvement d'une oeuvre en terme narratif ou graphique, si celle-ci se borne à recycler des archétypes de récit usés jusqu'à la corde ou à décrire pour la énième fois la lutte du bien contre la mal.

Par ailleurs, concernant la motivation des éditeurs pour publier des oeuvres du type de "Jacaranda", je pense qu'il ne faut voir là aucune forme de roublardise mais au contraire un véritable engagement. Personne n'est assez idiot pour penser que ces titres vont concurrencer "Naruto", du moins à court terme. Et si la prise de conscience publique du "phénomène manga" peut contribuer à la publication d'oeuvres plus originales, je dis tant mieux.
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
stéphane
Mangaversien·ne


Inscrit le : 11 Oct 2006

Message Posté le : 11/10/06 18:00    Sujet du message: Répondre en citant

la question de la motivation d'un éditeur pour publier des titres est en soi un sujet très interessant... d'autant qu'il vaut mieux parler de motivations au pluriel.

concernant Jacaranda, il y a une idée, un passif, une rencontre, un coup de coeur, un choix...

- l'idée était, dans la ligne de Kankô, de trouver des manga qui décloisonnent le manga, qui font évoluer la perception habituelle que l'on en a, qui rétablissent une idée de bande dessinée (soit un équilibre complexe entre dessin histoire et narration), mais qui restent des ouvrage d'une autre culture, donc proposant des points de vue complémentaires et enrichissants., en valorisant une excellente distraction tout autant qu'un propos utile, intelligent, qui ne laisse pas le lecteur indifférent.

- le passif est une découverte de l'auteur bien avant ce projet, grâce à Julien Bastide et à son article sur Shiriagari dans Le Virus Manga.un homme qui contre tous les courants, contre toutes les attentes d'un média aux nombreux formatages, ose avoir le talent de publier des strip régulier dans l'asahi shimbun et d'une autre main qui décorre un char pour le carnaval de nice, un homme qui suit envers et contre tout une idée, un homme qui va donc au delà de la réalité communément acceptée, un tel homme ne peut être né que pour écrire quelques pages de l'Histoire, et a forcément quelque chose à dire que nous aurions tous intérêt à écouter - qu'il ai tord ou raison relevant finalement du détail.

- la rencontre a été celle faite avec l'auteur, à Tokyo, par un fait du hasard où l'on verrais presque la marque du destin, puis au festival d'angoulême 2006 où le projet a prit forme. Cela a été une rencontre humaine, difficilement définissable, car nous ne parlions pas la même langue, mais émotionnellement et humainement marquante, assez du moins, pour que le texte-portrait de Julien en fin d'ouvrage trouve tout naturellement sa justification. pour oser une comparaison canine peu élégante mais bien parlante : comme les chiens, on s'est reniflé et on s'est trouvé

- La rencontre a été aussi celle d'un coup de coeur pour l'ouvrage. j'ai aimé cette histoire, son ton moqueur, sa perspicacité sur le monde moderne, son actualité, sa modernité graphique qui m'a évoqué des BD comme des peintures.... j'ai aimé l'idée écolo sousjacente, j'ai aimé la mise en image de ce que je vois tous les jours dans le métro, j'ai aimé le sentiment de satisfaction, cette impression de respirer après avoir été oppréssé lorsqu'à la fin de l'ouvrage l'arbre se révelle, j'ai aimé la peinture du chaos, au sens propre du mot, j'ai aimé la caligraphie de son trait, j'ai aimé l'absence de manichéisme, le refus de condamner de l'auteur, l'idée de rédemption qui demeure...

- un choix aussi : Je suis bien conscient que certains aimeraient lire plutôt telle ou telle oeuvre de l'auteur, je le comprend bien. mais l'idée était de se demander aussi comment amener le public à découvrir l'oeuvre de Shiriagari. une question que nous nous sommes posés avec l'éditeur original et l'auteur lui même. le choix de Jacaranda leur a convenu. j'espère qu'il trouvera assez de public pour que demain, une oeuvre moins accessible puisse lui être proposé. Je ne voulais pas donc rebutter le plus grand nombre juste parce que j'aurais voulu me faire plaisir, quitte à tuer dans l'oeuf le potentiel d'un auteur qui aurait été trop vite catalogué comme trop bizarre ou trop incompréhensible; c'est donc aussi stratégiquement que j'ai choisi Jacaranda, et j'espère qu'il fera l'amorce d'une bien grosse boule de neige.

en gros, cet ouvrage, au delà de l'histoire narré dans ses pages, c'est aussi une histoire muette, éditoriale, pour moi, faite de voyages, de choix, de rebondissements, de risque, d'angoisse, une rencontre avec un livre autant qu'avec un auteur, un projet mené à plusieurs, pensé, muri, et donc, quel que soit son succès, duement revendiqué.


j'espère que nous en vendrons beaucoup bien sûr ! et évidemment aussi pour être rentable, équilibrer mon budget, et dégager des bénéfices. restons lucide et sain d'esprit quand à cet aspect du travail. néanmoins, aucun des choix de cet ouvrage n'a été prit dans l'obligation d'une rentabilité, ni les choix de plus produit, ni les choix de fab (je vous passe le surcoût de la cover, vous seriez éffrayé), et encore moins l'achat du droit lui même. c'est plutôt le contraire : dans une optique rigoureuse de rentabilité beaucoup de ces choix n'auraient as été prit, même si je pense, moi, que ce sont ces choix qui bâtiront le succès de l'ouvrage en France : parce qu'ils permettront au volume d'être vu, puis lu, le talent de l'auteur fera le reste.

voilà, la motivation de publier Jacaranda c'est tout cela, et beaucoup d'autres choses encore.
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
manu_fred
Mangaversien·ne


Inscrit le : 27 Avr 2004
Localisation : Paris

Message Posté le : 20/11/06 23:43    Sujet du message: Répondre en citant

Pas facile d'arriver en retard, surtout après tout ce qui a été dit... Mais au moins, faisons remonter le sujet.

Pas facile d'en parler surtout quand Herbv a déjà à pru près totalement dit ce que je pensais de l'oeuvre. J'ai trouvé la première partie (jusqu'aux premiers effets de l'arbre) assez passionnante, dans sa façon de décrire la société japonaise en finesse, à travers ses manifestations sonores omniprésentes, qui en viennent à quasiment supprimer toute possibilité de dialogue jusque dans les pages du manga. L'irruption de l'arbre, ainsi que ses premiers effets, est elle aussi traitée avec un certain détâchement, un humour dont Shiriagari semble regretter l'absence dans la suite du volume (et moi avec lui). Par contre, dès que les catastrophes commencent à s'enchaîner, la routine commence à faire son effet et après 50 pages de morts et de comportements désespérés, on a compris les propos de l'auteur (oui, l'homme livré à lui-même perd toute retenue et redevient une bête, un être soumis "à l'instinct de survie le plus animal", c'est pas nouveau). Peut-être suis-je insensible mais cette accumulation de catastrophes m'a surtout ennuyé et elle ne risque pas de me rester "longtemps coincé en travers de la gorge", justement à cause de son côté grand-guignol qui, à mon sens, désamorce complètement le côté dramatique. Toute la force des premières pages d'Akira provient de leur sécheresse (même si, le propos n'étant pas le même, la comparaison n'est pas des plus judicieuses mais bon, je n'ai que ça qui me vient en tête). Ici, ça me fait plus penser à un film gore qui en fait des tonnes et qui en devient marrant à force, ce qui forcément, me repousse constamment hors de l'histoire. "Un strip en 300 pages", oh que oui malheureusement. (Réflexion désordonnée : ou alors, cette surenchère est du même ordre que celle que Jhonen Vasquez présente dans un des Meanwhile de Johnny the homicidal maniac (a horrible film), une sorte de test de la capacité du lecteur à supporter l'horreur ?).

Bon, ne soyons pas négatifs cependant. On parlait de musique précédemment et je suis tout à fait d'accord avec les remarques de Julien Bastide concernant la musicalité qui ressort des images (même si j'entends plus de la noise qu'une symphonie) même si je trouve cette musique un peu ennuyeuse. Ceci dit, l'avantage de Jacaranda est que, si on trouve la musique ennuyeuse, on peut se consoler avec la partition qui est elle, pour le coup, magnifique. L'évolution des styles, leur juxtaposition comme le faisait remarquer Herbv, mais aussi leur parfaite adéquation avec le propos (je pense notamment aux formes déjà plus humaines qui se débattent dans les flammes, pages 216 et suivantes ou à cette planche où le semblant de champignon atomique des temps modernes surplombe de toute sa hauteur la ville détruite). Et les onomatopées japonaises (je ne parlerai pas des françaises par politesse... Enfin, je conçois la difficulté d'une adaptation qui leur rendrait justice) viennent renforcer le côté artistique de l'oeuvre.

Bref, avis mitigé sur le fond donc (enfin, je me suis un peu ennuyé au milieu certes mais le début est très bien mis en scène et la fin, même si le côté écolo ne me touche pas, demeure suffisamment ambiguë pour et ouverte pour offrir quand même un intérêt) mais avis enthousiaste dans la forme et surtout grâce à la découverte d'un auteur des plus intéressants. Et sur ce point, je rejoins XaV et Julien Bastide et leur considération pour une oeuvre différente, non manichéenne et suffisamment ouverte pour permettre des lectures, des "analyses" différentes suivant les lecteurs (et puis ça permet de faire discuter sur les forums). Et merci à Kankô de nous offrir une production différente et qui parvient sans peine à s'extraire du lot.
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Fuse
Mangaversien·ne


Inscrit le : 28 Nov 2006
Localisation : Paname

Message Posté le : 26/02/07 15:14    Sujet du message: Répondre en citant

Je nâ??aurais pas le courage, ni le talent, de livrer ici une critique aussi érudite ou du moins posée comme celles que lâ??on peut lire ci-dessus. Je mâ??en tiendrais donc à un vulgaire avis tout à fait subjectif. Je trouve que Jacaranda est une Å?uvre intéressante mais qui manque, à mon goût, dâ??une présence humaine plus forte comme fils conducteur, surtout durant les longues successions de violences dans la ville. Je ne regrette pas néanmoins mon achat. Je la relirais certainement plus tard, avec un peu de recul. La forme de lâ??ouvrage et les petits bonus sont eux très agréables.

Fuse
Revenir en haut
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web de l'utilisateur
Montrer les messages depuis :   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Forums -> L'Agora Manga Les heures sont au format GMT + 2 heures
Page 1 sur 1

 
Aller vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sondages de ce forum


Powered by phpBB © 2001, 2005 phpBB Group
Site francophone - Support utilisation