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[du9] Chroniques manga
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church
Mangaversien·ne


Inscrit le : 08 Avr 2008
Localisation : South west of France

Message Posté le : 13/02/12 16:02    Sujet du message: Répondre en citant

Aaarf, c'est une façon de voir les choses !
On peut aussi dire : Taniguchi était lui plus que d'autres ouvert sur les BD européennes. Que son obstination et son ouverture d'esprit ont rencontré celles de Boilet. Que ces deux auteurs de grand talent ont finalement travaillé ensemble, et qu'ils ont trouvé en Casterman, Peeters and co les moyens de développer leurs visions narratives... M. Green
L'histoire tient en effet parfois à peu de chose, et peut être interprétée de multiples façons Clin d'oeil
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sushikouli
Mangaversien·ne


Inscrit le : 29 Oct 2003

Message Posté le : 13/02/12 18:45    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, mais moi je suis méchant Sourire
_________________
Entre ce que je pense, je veux dire, je crois dire, je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez en comprendre, ce que vous voulez comprendre, et ce que vous comprenez, il y a au moins 9 raisons de ne pas se comprendre.
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Bp
Mangaversien·ne


Inscrit le : 08 Mai 2003
Localisation : Sur la Drina

Message Posté le : 14/02/12 00:44    Sujet du message: Répondre en citant

Bla, bla, bla Boilet par-ci, Boilet par-là, Sushi, tu oublies que le travail d'adaptation de Boilet sur Quartier Lointain est titanesque, et il ne me paraît pas déraisonnable de dire qu'on lui doit une bonne partie de son succès, et de la bonne tenue ultérieure du manga dit d'auteur.

Boilet a su créer un lien, il a ouvert un sillon, en rendant la japonicité de l'original, tout en faisant Å?uvre de création, c'est à dire en commettant une traduction qui n'était pas complètement japonaise sans pourtant trahir Taniguchi. Dans les mots de Walter Benjamin ("La tâche du traducteur", Folio Essais), "racheter dans sa propre langue ce pur langage exilé dans la langue étrangère, libérer en le transposant le pur langage captif de lâ??Å?uvre, telle est la tâche du traducteur."

Boilet a énormément fait pour le manga en France, il serait temps de le reconnaître : il a su libérer en langue française le manga pour adultes , le faire enfin parler un autre idiome.
Et je regrette que de telles traductions ne voient plus le jour aujourd'hui.

(Xav, très bon article, et je trouve les critiques visant ta mise en parallèle des écrits journalistiques et universitaires non fondées. L'essence (théorique) de ces deux professions est la recherche de la vérité, même si par des chemins différents. Partant, si d'un tel postulat on en arrive à une distorsion, il faut clairement la dire et l'expliquer.)

Et puis il faudra quand même un jour réfléchir sur tous ces non-japonisants se fendant d'articles dits d'experts sur le Japon. (je pense aussi à ces légions de crétins qui ont pondu une analyse sur la mort de Kim Jong-il sans connaître de la Corée du Nord autre chose que des images d'Epinal) Il est indubitable que la langue elle-même modèle la pensée, et pour approcher de l'essence d'une culture et prétendre la comprendre, il faut en maîtriser un minimum la langue. Je remercie d'ailleurs Julien pour son honnêteté à ce sujet, c'est rare dans la profession.
Alors il serait peut-être temps d'aller lire ce que les experts japonais ont à dire sur le sujet avant d'aller enfoncer des portes ouvertes, qui, à force de battre dans le vide, ne sont même plus japonaises, mais complètement occidentales.
D'ailleurs, le manga a-t-il encore quelque chose de japonais en lui ? Parler de manga en France, c'est parler de BD. D'un certain type de BD, certes, mais de BD quand même.
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moudidoung
Mangaversien·ne


Inscrit le : 24 Oct 2005
Localisation : Louvain-la-Neuve

Message Posté le : 14/02/12 03:33    Sujet du message: Répondre en citant

Bp a écrit:
D'ailleurs, le manga a-t-il encore quelque chose de japonais en lui ? Parler de manga en France, c'est parler de BD. D'un certain type de BD, certes, mais de BD quand même.


Ah ben techniquement, le manga tel qu'on en parle, c'est-à-dire "BD japonaise", ça n'existe qu'aux Etats-Unis et dans quelques pays d'Europe. Peut-être dans certains pays asiatiques mais là, je n'en sais rien. En tout cas, ça n'existe pas dans la langue japonaise.

Au Japon ils ont du 漫画 (manga), c'est-à-dire de la bande dessinée. C'est un terme qu'ils utilisent autant pour désigner Naruto que Peanuts que Tintin. Par contre ils parleront aussi de "bande dessinée" (バンド・デシネ)... mais uniquement pour des Å?uvres franco-belges.
Par exemple, sur wikipedia, il y a un article "manga" généraliste et un article "manga japonais" (日本の漫画).

Et aux Etats-Unis c'est la même chose. Le "manga" japonais devient un comics. Sur le wiki anglophone, il y a un article "comics" généraliste et un article "American comic book". Là encore, "Bande dessinée" renvoie vers un article sur la BD franco-belge.

Peut-être que je suis le seul à accorder de l'importance à l'utilisation de ces termes selon les pays. Mais tout ça, c'est pour dire qu'au-delà des manières propres à chaque continent de dessiner des petits bonshommes, chaque langue reconnaît intrinsèquement qu'il y a "de la BD" comme média qui obéit à des principes généraux (que Scott McCloud a essayé de décrire dans L'art invisible que je ne sais plus qui citait avec raison tout à l'heure) qui ne sont pas réductibles à un pays ou à une civilisation (aussi supérieure soit-elle). Du coup, pour répondre à jbastide ou Sushi qui réclament une nouvelle génération de critiques plus nuancés, personnellement j'aurais envie de critiques qui n'hésitent plus à dresser des ponts entre des auteurs de toutes origines qui en arrivent à faire la même chose : des bonshommes et des phylactères. Ce n'est plus acceptable de dire que Taniguchi c'est pas du manga, alors que (exemple parmi tant d'autres) Tezuka a pompé plein de trucs sur Disney et Disney a fait pareil en retour (le Roi Lion) ; le manga n'est pas étanche puisque c'est toujours de la BD.
Donc pourquoi ne pas parler, de temps en temps, de BD tout court ? Ce serait un moyen de sortir d'une idéologie du manga qui ne s'aborde que sous l'angle du missionnaire catholique qui débarque en terre sauvage et qui trouve les autochtones très cocasses. Tezuka le Dieu du manga, même analysé sur des centaines de pages, c'est de l'ordre du cocasse. Et en ça je rejoins jbastide sur l'approche culturaliste des "spécialiste du manga"...

Les langues elles-mêmes (qui font plus que modeler la pensée, qui sont la pensée) nous apprennent que manga, comics et bandes dessinées sont simplement des variantes régionales d'un même objet dont, bizarrement, on ne parle pas tant que ça !
C'est peut-être évident tout ça, sans doute, je sais pas. Juste pour dire que l'utilisation du simple mot "manga" n'est pas innocente en France, car elle risque de cristalliser des préjugés bien occidentaux sur le Japon, et risque aussi d'effacer l'idée que la BD en tant que technique n'a pas de pays.
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XaV
Mangaversien·ne


Inscrit le : 30 Mai 2006
Localisation : Paris

Message Posté le : 14/02/12 09:49    Sujet du message: Répondre en citant

moudidoung a écrit:
Ah ben techniquement, le manga tel qu'on en parle, c'est-à-dire "BD japonaise", ça n'existe qu'aux Etats-Unis et dans quelques pays d'Europe. Peut-être dans certains pays asiatiques mais là, je n'en sais rien. En tout cas, ça n'existe pas dans la langue japonaise.
Au Japon ils ont du 漫画 (manga), c'est-à-dire de la bande dessinée. C'est un terme qu'ils utilisent autant pour désigner Naruto que Peanuts que Tintin. Par contre ils parleront aussi de "bande dessinée" (バンド・デシネ)... mais uniquement pour des Å?uvres franco-belges.


Mouais, c'est un peu plus compliqué que ça. En fait, la notion de "bande dessinée japonaise" est inscrite en creux -- pour eux, c'est la norme, et l'on qualifie donc les écarts, i.e. les formats étrangers: amekomi pour les comics US, et "bande dessinée" effectivement pour le format franco-belge. Tu noteras qu'en France, on est un peu embêtés pour désigner ce qui serait la "bande dessinée franco-belge": on parle d'albums (mais ce n'est pas vraiment ça), de 48CC (mais là, c'est plus un format éditorial), bref ça coince. Parce qu'au fond, finalement, on sait de quoi on parle.

moudidoung a écrit:
Donc pourquoi ne pas parler, de temps en temps, de BD tout court ? Ce serait un moyen de sortir d'une idéologie du manga qui ne s'aborde que sous l'angle du missionnaire catholique qui débarque en terre sauvage et qui trouve les autochtones très cocasses. Tezuka le Dieu du manga, même analysé sur des centaines de pages, c'est de l'ordre du cocasse.


La difficulté à parler de bande dessinée tout court, c'est que le terme est très fortement connoté, et que ton lectorat/auditoire peut y associer des attentes et des a priori forts. On notera que le premier combat de Boilet (puisqu'on en parle) était de faire valoir "une" manga qui serait oeuvre d'auteur, par opposition à "un" manga qui serait un genre ou un produite de consommation de masse. Même écho que les premières réactions face à "Maus", qui n'était pas une BD, mais autre chose.

Lorsque l'on évoque "Tezuka le dieu du manga", on vient implicitement souligner l'idée que le manga se limiterait au seul "story manga", soit des récits de genre principalement tournés vers la jeunesse. D'où, à l'époque, l'introduction du terme "gekiga" pour les productions plus adultes.
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church
Mangaversien·ne


Inscrit le : 08 Avr 2008
Localisation : South west of France

Message Posté le : 14/02/12 10:49    Sujet du message: Répondre en citant

Bp a écrit:
je trouve les critiques visant ta mise en parallèle des écrits journalistiques et universitaires non fondées. L'essence (théorique) de ces deux professions est la recherche de la vérité, même si par des chemins différents.

Pour préciser ma position sur ce point : je ne critique pas l'utilisation de ces deux types de sources dans le même article. Ce qui me fait tiquer, c'est l'absence préalable de "critique des sources", au sens de l'étude de leur nature, de leur contexte de production, de leur destination, qui fait pourtant partie intégrante de la méthodologie historique.
XaV dans son article les regroupe rapidement sous un terme générique "d'ouvrages de référence". Le seul moment où il renseigne sur leur nature, c'est au détour d'une phrase ("de lâ??opuscule au dictionnaire en passant par la monographie" - point 4). Je trouve que ça fait court. Rien sur leur date de production (point intéressant d'ailleurs, la majorité étant sortis après 2004/2005 je crois). Pas d'essai de regrouper ces textes dans des catégories selon leur nature (guides de lecture ou ouvrages historiques, etc.). Rien sur les auteurs, sur leurs objectifs.
XaV s'en satisfait car il cherche à mettre en exergue certains discours dominants traversant tous ces types de sources. Et puis ça nécessiterait un texte beaucoup plus long. Mais je trouve que ce serait plus honnête vis-à-vis du lecteur, qui s'il ne connaît pas ces sources, peut être trompé.

Autre point : Tezuka chez les éditeurs. XaV fait de la présence massive des productions de Tezuka chez les éditeurs français une conséquence de ce discours Tezuka-centré des spécialistes français du manga. La caution du genre. C'est sûrement en partie vrai. Mais qu'en est-il de la question de l'accès aux Å?uvres pour les éditeurs. Commencer par publier du Tezuka n'était-il pas plus aisé pour ces éditeurs ? Tezuka Prod ne fournissait-il pas une porte d'entrée plus facile que d'autre pour ceux qui voulaient se lancer (voir Asuka par exemple) ?
Enfin, un argument valable pour certains éditeurs français n'est pas forcément souligné par XaV pour d'autres : Cornélius est ainsi décrit comme "se tournant vers lâ??exploration de la production alternative et traduisant des auteurs importants du patrimoine japonais" (point 39), mais n'est pas cité parmi les éditeurs ayant massivement publié parmi ces 170 tomes de Tezuka... Pourtant...

Alors voici ma conclusion : cet article est pour moi un essai, un texte engagé, de combat, visant à faire bouger les lignes, et c'est tout son intérêt. Mais il adopte une présentation scientifique qui cache quelque peu ses parti-pris.
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XaV
Mangaversien·ne


Inscrit le : 30 Mai 2006
Localisation : Paris

Message Posté le : 14/02/12 12:22    Sujet du message: Répondre en citant

church a écrit:
Pour préciser ma position sur ce point : je ne critique pas l'utilisation de ces deux types de sources dans le même article. Ce qui me fait tiquer, c'est l'absence préalable de "critique des sources", au sens de l'étude de leur nature, de leur contexte de production, de leur destination, qui fait pourtant partie intégrante de la méthodologie historique.
XaV dans son article les regroupe rapidement sous un terme générique "d'ouvrages de référence". Le seul moment où il renseigne sur leur nature, c'est au détour d'une phrase ("de lâ??opuscule au dictionnaire en passant par la monographie" - point 4). Je trouve que ça fait court. Rien sur leur date de production (point intéressant d'ailleurs, la majorité étant sortis après 2004/2005 je crois). Pas d'essai de regrouper ces textes dans des catégories selon leur nature (guides de lecture ou ouvrages historiques, etc.). Rien sur les auteurs, sur leurs objectifs.


Je te trouve un peu de mauvaise fois sur ce coup. D'une part, la biblio en fin d'article indique date de sortie et nombre de pages pour tous les ouvrages (à l'exception du second hors-série d'Animeland qui n'a pas de date, je viens de le voir, et c'est un oubli fâcheux); d'autre part, les titres des ouvrages eux-mêmes sont généralement suffisamment explicites pour savoir à quoi on a affaire (Guide des mangas, Guide Phénix des Mangas, Dico Manga, Dictionnaire mondial de la BD, etc. pour les "ouvrages de référence"). Enfin, il n'y a là-dedans aucune production universitaire, on reste dans le discours "journalistique", si vous voulez, donc pas de mélange.

church a écrit:
XaV s'en satisfait car il cherche à mettre en exergue certains discours dominants traversant tous ces types de sources. Et puis ça nécessiterait un texte beaucoup plus long. Mais je trouve que ce serait plus honnête vis-à-vis du lecteur, qui s'il ne connaît pas ces sources, peut être trompé.


Trompé sur quoi? Encore une fois, ce que je souligne, c'est que le discours présente des grands invariants, au travers d'ouvrages très divers. On a un discours commun, partagé, et je ne vois pas en quoi je suis malhonnête vis-à-vis du lecteur.

church a écrit:
Autre point : Tezuka chez les éditeurs. XaV fait de la présence massive des productions de Tezuka chez les éditeurs français une conséquence de ce discours Tezuka-centré des spécialistes français du manga. La caution du genre. C'est sûrement en partie vrai. Mais qu'en est-il de la question de l'accès aux Å?uvres pour les éditeurs. Commencer par publier du Tezuka n'était-il pas plus aisé pour ces éditeurs ? Tezuka Prod ne fournissait-il pas une porte d'entrée plus facile que d'autre pour ceux qui voulaient se lancer (voir Asuka par exemple) ?


De ce que j'ai entendu dire des éditeurs que je connais, discuter avec Seirinkôgeisha (qui gère plus ou moins tout le pan alternatif, soit Garo et Ax) n'est pas trop compliqué. Certains auteurs (Shirato, je crois) le sont un peu plus. Après, on est aussi en droit d'attendre d'un éditeur d'avoir une vision éditoriale, et de ne pas se limiter à la poursuite du moindre effort...

church a écrit:
Enfin, un argument valable pour certains éditeurs français n'est pas forcément souligné par XaV pour d'autres : Cornélius est ainsi décrit comme "se tournant vers lâ??exploration de la production alternative et traduisant des auteurs importants du patrimoine japonais" (point 39), mais n'est pas cité parmi les éditeurs ayant massivement publié parmi ces 170 tomes de Tezuka... Pourtant...


Cette critique est franchement tendancieuse. J'indique que pas moins de 12 éditeurs ont publié du Tezuka, sans les citer. Cornélius est dans le compte, et certes, je ne le cite pas, mais je ne cite personne. Par contre, le catalogue de Cornélius est beaucoup plus riche au niveau patrimoine, en terme de diversité d'auteurs, que celui d'autres éditeurs, et c'est indéniable.
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church
Mangaversien·ne


Inscrit le : 08 Avr 2008
Localisation : South west of France

Message Posté le : 14/02/12 13:51    Sujet du message: Répondre en citant

Ok, je pinaille parfois, je ne suis pas exempt de mauvaise foi (en étant de bonne foi néanmoins, je puis l'assurer M. Green ), et mes critiques peuvent être tendancieuses.

Le paysage de la traduction des manga en France est loin de refléter parfaitement la diversité du medium tel qu'il existe ainsi que son histoire, d'accord. Néanmoins, je suis quand même impressionné par ce qui a pu y être fait. Quel autre pays dispose d'un tel accès à des Å?uvres traduites ? On pourrait s'intéresser parallèlement aux Å?uvres européennes et à leur exportation au Japon ou aux Etats-Unis... ça risque de faire mal...

Cornélius, Vertige Graphic, Imho et d'autres ont Å?uvré en ce sens. Et d'autres éditeurs plus marqués par leur préoccupations "mainstream" font également preuve d'une forme de volontarisme, comme Kana ou Glénat, même si la stratégie ici en Å?uvre peut être disséquée. Proposer Kamui Den n'est pas a priori valider un billet pour le succès commercial et les retombées financières. Sortir Cyborg 009 ravira les historiens du manga, et puis qui d'autre ? De trop rares lecteurs français bénissent chaque jour le logo de Glénat pour avoir traduit Ashita no Joe.

Citation:
Après, on est aussi en droit d'attendre d'un éditeur d'avoir une vision éditoriale, et de ne pas se limiter à la poursuite du moindre effort...

Je ne puis qu'être d'accord avec toi. Malheureusement, je pense que les différentes contraintes économiques et les changement qui vont s'opérer sur ce marché risquent de ne pas coïncider avec nos vÅ?ux pieux. Peut-être que dans quelques temps, on regrettera la disparition de ce que l'on considérera comme un petit âge d'or du manga en France ?
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sushikouli
Mangaversien·ne


Inscrit le : 29 Oct 2003

Message Posté le : 14/02/12 19:47    Sujet du message: Répondre en citant

Bp a écrit:
Bla, bla, bla Boilet par-ci, Boilet par-là, Sushi, tu oublies que le travail d'adaptation de Boilet sur Quartier Lointain est titanesque, et il ne me paraît pas déraisonnable de dire qu'on lui doit une bonne partie de son succès, et de la bonne tenue ultérieure du manga dit d'auteur.

Et ? Je n'ai jamais remis en cause les compétences de Boilet. Je remettais simplement une donnée historique en perspective à partir de l'interview linkée par Church. Parce que pour moi, si on trouve une notion de clan/copinage chez les journalistes manga, on trouve cette même notion de clan/copinage chez les auteurs de BD. Dans les deux cas, pour le meilleur comme pour le pire. Et je ne trouve pas juste de le reprocher aux uns et pas aux autres.
Citation:
Boilet a énormément fait pour le manga en France,

Pour LA manga, surtout ^^;
Citation:
Boilet a énormément fait pour le manga en France, il serait temps de le reconnaître : il a su libérer en langue française le manga pour adultes , le faire enfin parler un autre idiome.

Je ne suis pas d'accord. Boilet à peut-être eu un impact positif sur la percée du manga en France, mais il lui a fait aussi énormément de mal. Son mépris à l'encontre de la production mainstream me gène énormément, et à la lecture de son interview, j'ai bien l'impression que ça fait partie intégrante du bonhomme et ça ne me le rend pas du tout sympathique. Le côté "ah ouais, tu m'avais filé une BD lors de notre première rencontre... c'était quoi ? oh je sais plus, pas grave, ça devait être du hard-boiled..." me fait juste halluciner pour ne pas dire gerber. ça en dit long sur le respect qu'il a pour les gens dont il ne connait rien.
Avec le recul, je trouve que Glénat, en misant sur des hits du club dorothée et sur des auteurs plus audacieux comme Sakaguchi, Shirow ou Fujiwara était nettement plus ouvert d'esprit.

A mes yeux, se limiter au manga d'auteur (Boilet) ou au manga alternatif (XaV) ne fait pas plus avancer le schmilblick que le discours hagiographique autour de Tezuka. De même que répéter que "y a du manga pour tous les goûts" s'avère vain quand le public, celui qui achète concrètement, se rabat principalement sur un seul et unique genre codifié. Peut-être qu'un jour les chercheurs et les journalistes travailleront main dans la main, mais j'espère qu'avant les lecteurs arrêteront de mépriser et rabaisser ceux qui n'ont pas les mêmes goûts qu'eux.
Citation:
Et je regrette que de telles traductions ne voient plus le jour aujourd'hui.

T'en lis beaucoup ?
Citation:
Et puis il faudra quand même un jour réfléchir sur tous ces non-japonisants se fendant d'articles dits d'experts sur le Japon.[...] et pour approcher de l'essence d'une culture et prétendre la comprendre, il faut en maîtriser un minimum la langue.

Sur la théorie, je suis d'accord. Dans la pratique, on retombe dans le vÅ?ux pieu. Tant qu'aucun organisme, public ou privé, ne sera prêt à investir pour permettre de démocratiser la culture manga, aucun professionnel compétent ne pourra espérer en vivre et n'aura de raison de se spécialiser là-dedans. Les compétences se monnayent à leur juste valeur, les gens maitrisant le japonais s'orientent vers des métiers qui payent mieux que le manga. Ce qui se comprend.
Citation:
il serait peut-être temps d'aller lire ce que les experts japonais ont à dire sur le sujet

Je dis pas non, mais d'après toi, ça intéressera combien de personnes, en France ? Je ne me souviens pas que les spécialistes intervenus en France ces dernières années aient déplacé les foules en masses...
moudidoung a écrit:
personnellement j'aurais envie de critiques qui n'hésitent plus à dresser des ponts entre des auteurs de toutes origines qui en arrivent à faire la même chose : des bonshommes et des phylactères.

C'est quand même compliqué, parce que ça nécessite des connaissances poussées en BD française/américaine ET japonaise, en plus d'ingurgiter une masse de connaissance et la maitrise de la langue souhaitée par BP. Honnêtement, je crois qu'à part XaV sur Du9, personne ne correspond au profil. Et on le voit bien : il a un autre job à côté, ses textes comme ses lectures sont très ciblées et, à force d'échanges et de discussions, on s'aperçoit, quand on gratte un peu, d'une certaine orientation et d'un manque d'objectivité. Qu'on soit bien d'accord, dans ce cas précis, ce n'est en rien une critique, juste un constat pour illustrer la difficulté à trouver quelqu'un qui ait le temps et les moyens de travailler pleinement à l'étude d'un sujet désormais riche et pointu pour produire des textes qu'on qualifierait de qualité standard dans les médias traditionnels.

EDIT : J'oubliais Greg pour le jeu vidéo et SHK pour le shôjo, mais là aussi, le journalisme est un plus, d'autant qu'ils sont parties prenantes chez des éditeurs.

Citation:
Lorsque l'on évoque "Tezuka le dieu du manga", on vient implicitement souligner l'idée que le manga se limiterait au seul "story manga", soit des récits de genre principalement tournés vers la jeunesse. D'où, à l'époque, l'introduction du terme "gekiga" pour les productions plus adultes.

Je suis déçu, personne n'a replacé l'humanisme de Tezuka... Maléfique
_________________
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XaV
Mangaversien·ne


Inscrit le : 30 Mai 2006
Localisation : Paris

Message Posté le : 14/02/12 20:55    Sujet du message: Répondre en citant

sushikouli a écrit:
A mes yeux, se limiter au manga d'auteur (Boilet) ou au manga alternatif (XaV) ne fait pas plus avancer le schmilblick que le discours hagiographique autour de Tezuka.

De penser que je ne lis (et ne défends) que de l'alternatif, c'est mal me connaître. L'alternatif m'intéresse, c'est clair, et j'y ai découvert des choses fantastiques qui mériteraient à ce que l'on s'y penchât plus. Par contre, je lis et j'apprécie du mainstream -- j'ai une grande tendresse pour l'oeuvre d'Adachi, je suis un fan de Hara Hidenori, Takahashi Tsutomu me fout par terre avec son dessin, etc. Il suffit de faire un tour sur du9 pour voir que j'y ai chroniqué des trucs très variés, loin de me cantonner au seul alternatif. Mais bon, tu n'es pas le premier à opérer cette simplification.

Il y a une posture, que j'assume, qui est que comme le mainstream est généralement beaucoup plus largement traité que l'alternatif, autant diriger mon énergie sur des oeuvres dont personne ne parlera si du9 ne s'en charge pas.

sushikouli a écrit:
Et on le voit bien : il a un autre job à côté, ses textes comme ses lectures sont très ciblées et, à force d'échanges et de discussions, on s'aperçoit, quand on gratte un peu, d'une certaine orientation et d'un manque d'objectivité.


Oui, j'appelle ça une personnalité, avec les goûts qui vont avec. :-)
Plus sérieusement, j'ai l'impression que tu me reproches un peu de ne pas avoir ta vision des choses. J'ai effectivement des opinions et des avis, il y a des choses qui me plaisent et d'autres qui ne m'intéressent pas (le shônen, par exemple, je n'y arrive plus. J'ai essayé Naruto, j'ai tenu 8 ou 9 volumes, Death Note m'a brouté sévèrement dès le 3e tome, bref, j'ai passé l'âge), mais d'une part je pense que c'est illusoire d'imaginer quelqu'un qui puisse être parfaitement oecuménique, et d'autre part je ne suis pas certain que ce soit véritablement intéressant. Ce qui est intéressant, ce sont les prises de position, du moment qu'elles sont claires et ouvertement assumées (ce que j'essaie de faire en ce qui me concerne).

(sinon, tu as oublié que j'ai aussi une vie de famille, qui prend aussi du temps)
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sushikouli
Mangaversien·ne


Inscrit le : 29 Oct 2003

Message Posté le : 14/02/12 21:19    Sujet du message: Répondre en citant

XaV a écrit:
De penser que je ne lis (et ne défends) que de l'alternatif, c'est mal me connaître. L'alternatif m'intéresse, c'est clair, et j'y ai découvert des choses fantastiques qui mériteraient à ce que l'on s'y penchât plus.

Je n'ai jamais prétendu te connaître. Et quand bien même je ferais un raccourci XaV = manga alternatif, ce n'est nullement péjoratif. Je vois plus ça comme une spécialisation de ton approche. Si je veux des infos pertinentes sur le manga alternatif, il est évident que je me tournerais vers Du9 ou Mang'arte. Parce que ce sont vos créneaux. C'est un fait. (Après, je ne suis effectivement pas la cible de ce type de récits...)
Citation:
Plus sérieusement, j'ai l'impression que tu me reproches un peu de ne pas avoir ta vision des choses.

Non non, pas du tout. Je trouve tes textes intéressants et instructifs, surtout quand ils sont ciblés sur un sujet précis. En revanche, plus tu vises large et généraliste et plus tes arguments et tes démonstrations deviennent fragiles. Après, heureusement que tu n'as pas tout le temps raison, ça serait lassant et faut en laisser aux autres Très content
Citation:
J'ai effectivement des opinions et des avis

Ce qui est dommage, c'est que ça transparaît parfois dans des textes qui visaient l'objectivité.
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herbv
Modérateur


Inscrit le : 28 Août 2002
Localisation : Yvelines

Message Posté le : 14/02/12 21:27    Sujet du message: Remarque Répondre en citant

sushikouli a écrit:
Tant qu'aucun organisme, public ou privé, ne sera prêt à investir pour permettre de démocratiser la culture manga, aucun professionnel compétent ne pourra espérer en vivre et n'aura de raison de se spécialiser là-dedans. Les compétences se monnayent à leur juste valeur, les gens maitrisant le japonais s'orientent vers des métiers qui payent mieux que le manga. Ce qui se comprend.

Là, il est possible que ça bouge un peu sous l'impulsion du Japon.

Il y a peu, j'ai participé à une réunion entre différents intervenants japonais et français, réunion qui avait pour but de mieux connaître les besoins des chercheurs, des éditeurs, etc. français pour qu'ils aient un meilleur accès à la culture manga/animé/jeux vidéo/arts numériques (le media geijustsu) japonaise. Cette aide pourrait se faire via un portail regroupant de nombreuses informations, des aides financières pour réaliser des travaux de recherche ou monter des expositions, éduquer les éditeurs japonais qui ne savent absolument pas gérer comme il faudrait les demandes des chercheurs ou des organisateurs d'exposition, etc.
_________________
Simple fan (auto-proclamé) de Rumiko Takahashi
Chroniqueur à du9
Ténia de Bulledair
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XaV
Mangaversien·ne


Inscrit le : 30 Mai 2006
Localisation : Paris

Message Posté le : 14/02/12 21:55    Sujet du message: Répondre en citant

sushikouli a écrit:
En revanche, plus tu vises large et généraliste et plus tes arguments et tes démonstrations deviennent fragiles.


Sans vouloir chercher d'excuse, je pense que c'est le travers des textes qui cherchent à embrasser large: il y a une tendance incontournable (généralement pour des raisons de place) à généraliser et prendre de la hauteur, et par conséquent, de laisser apparaître quelques failles ou de laisser de côté des exceptions.
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church
Mangaversien·ne


Inscrit le : 08 Avr 2008
Localisation : South west of France

Message Posté le : 14/02/12 22:49    Sujet du message: Répondre en citant

XaV a écrit:
Ce qui est intéressant, ce sont les prises de position, du moment qu'elles sont claires et ouvertement assumées (ce que j'essaie de faire en ce qui me concerne).

C'est tout à ton honneur. J'aime de toute façon lire ce genre de textes, et je trouve qu'ils sont parfois bien plus digestes et intéressants que des productions trop académiques, parce qu'ils font en effet avancer les choses. Malgré mon "acharnement" et les erreurs que je peux commettre, cette dialectique et tes réponses me permettent de mieux saisir certains aspects des choses !
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sushikouli
Mangaversien·ne


Inscrit le : 29 Oct 2003

Message Posté le : 15/02/12 10:09    Sujet du message: Répondre en citant

XaV : je sais pas. Tu as cet avantage sur le net de ne pas être limité par la place. Tu as une bonne plume, et tes textes sont agréables à lire (qu'on soit ou non d'accord avec le contenu), contrairement à bien des rédacteurs de sites web plus généralistes. Donc, je ne suis pas sûr que tu perdes beaucoup à rajouter un paragraphe de plus pour éviter de tomber dans certains travers (surtout quand tu cherches justement à les dénoncer).

Mais là on pinaille.

Ce qui me désole, cependant, de manière globale, c'est que ce sont généralement les imperfections qui génèrent ensuite les commentaires et les discussions les plus intéressants.

Herbv : j'espère vraiment que ça aboutira à moyen terme.
_________________
Entre ce que je pense, je veux dire, je crois dire, je dis, ce que vous voulez entendre, ce que vous entendez, ce que vous croyez en comprendre, ce que vous voulez comprendre, et ce que vous comprenez, il y a au moins 9 raisons de ne pas se comprendre.
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