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[ SING "YESTERDAY" FOR ME ] d'hier au lendemain
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clash
Mangaversien·ne


Inscrit le : 28 Sept 2005
Localisation : Genève

Message Posté le : 17/06/20 02:03    Sujet du message: Répondre en citant


Holà! Il est plus que temps de réinjecter une bonne dose de Kei Tōme Love dans ce sujet, qui n'en finit pas de vivre! Il aura, d'ailleurs, tout bientôt une longévité supérieure aux vénérables 17 années qu'il a fallu pour que la trame de Sing Yesterday for me arrive enfin à son terme.

Je sens du commentaire timoré, de l'appréciation polie, comme une certaine routine tranquille dans les derniers messages postés... Mais enfin, halte à l'Uozumisation rampante dans la manière d'aborder ce bijou! Il n'a pas pris une ride. La preuve? La sortie totalement inattendue de l'anime, plus de cinq ans après la fin de la série (et donc 22 ans après ses débuts!), qui bondit hors de sa boîte comme une Haru du coin d'une ruelle plongée dans la pénombre.

Près de 15 ans après avoir découvert la série, et plus de quatre après en avoir dévoré l'ultime volume, j'ai enfin trouvé le temps d'y replonger et de la relire d'une traite. Eh bien, la magie a opéré comme au premier jour. Je n'ai plus l'âge des protagonistes, mon parcours de vie n'a plus grand chose de comparable avec le leur, mais la lecture m'a à nouveau ému du premier au dernier tome, ou presque. Pour moi, c'est le signe que la série ne touche pas au but simplement parce qu'il est facile de s'identifier à l'un ou l'autre des personnages. Plus que jamais, j'ai trouvé le ton juste, parfois à l'extrême, et le rythme parfaitement calé sur le déroulé du fil de la vie. L'amour taille réelle, comme disait l'un des slogans de la série à l'époque!

[SPOILERS FROM HERE] (y compris sur Game of Thrones)

J'ai profité de cette relecture pour réaliser en parallèle une petite « timeline » des événements qui s'y déroulent. Lorsqu'on n'a qu'un tome à se mettre sous la dent tous les deux ans, ils paraissent forcément décousus, et on peine à en réaliser la durée. Elle m'a permis de constater que je m'étais fait une fausse idée de certains aspects de la série. On reproche par exemple souvent à Rikuo son indolence, sa perpetuelle indécision, le fait qu'il ne prenne jamais son destin en main et se laisse porter par les aléas de la vie. Je trouve que c'est lui faire un mauvais procès. Déjà, c'est oublier qu'il déclare sa flamme à Shinako dès la première moitié du tome 1. Et s'il ne l'a pas fait avant, c'est probablement parce qu'il était le mieux placé pour percevoir que sa tentative était vouée à l'échec. Il finit par se laisser berner par la pression de son entourage (qui, précisément, l'accuse d'inaction) et fonce vers l'abattoir pour recevoir la lame, bien droit sur la nuque. Ensuite, il n'a rien de l'éternel freeter (en tous cas du point de vue occidental. Du point de vue japonais, c'est un peu plus vrai...): il quitte définitivement son konbini avant même la moitié de la série (au tout début du tome 6) et décroche un contrat fixe dans son studio photo, trois ans après la fin de ses études. Dans la famille « éternel étudiant », on a vu pire. Enfin, il se précipite immédiatement vers Haru dès que la flamme de ses espoirs avec Shinako s'éteint pour de bon. A nouveau, en matière d'indécision, on a vu pire.



L'impression, parfois, que l'histoire traîne en longueur et tourne inlassablement en rond s'explique par la longue durée réelle durant laquelle on suit les protagonistes. Il s'écoule ainsi près de quatre ans et demi entre le premier et le dernier tome, sans la moindre ellipse, ne serait-ce que d'une saison. Alors oui, la relation Shinako-Uozumi fait du sur-place et leurs rendez-vous se ressemblent, notamment pendant l'année complète qu'ils passent ensemble. Mais je partage l'avis de Kei Tōme dans l'interview reproduit à la fin du tome 11: dans la majorité des cas, « les romances ne sont pas des montagnes russes. Il est important de reproduire fidèlement les sentiments humains et leurs lentes évolutions ». Et je trouve qu'elle y parvient vraiment très bien dans ce cas précis: au fil des rendez-vous des deux amoureux, éperdument sobres, les sourires se font plus rares et la lumière semble plus terne dans le dessin de Kei Tōme. Au point que j'ai écrit « Petit à petit, les liens entre Shinako et Rikuo se desserrent » dans ma timeline, sans qu'une scène en particulier ou qu'un dialogue ne le dise explicitement (c'est d'ailleurs la seule fois où j'ai rempli une case avec un événement qui n'est pas concret). Enfin bref: pimpante Haru faisant pression ou pas, des années de passion retenue ne peuvent pas s'effacer en quelques jours, quelques pages, non?

Quant aux incessantes rencontres impromptues entre les différents protagonistes, qui semblent se heurter les uns aux autres alors qu'ils habitent la plus grande mégapole au monde, je les trouve finalement assez crédibles (au-delà de la facilité scénaristique bien sûr). Je l'avais également oublié, mais Haru, par exemple, ne cache pas qu'elle modifie constamment son itinéraire de retour chez elle pour passer devant chez Rikuo. Elle le fait même tous les jours! Presque de quoi donner une nouvelle définition au terme « rencontre fortuite »... Et puis, tous habitent dans le même quartier. Or, les quartiers tokyoïtes, surtout ceux qui sont en périphérie, sont assez centralisés, chacun autour de sa gare ou de son arrêt de métro. On s'y rencontre comme on se rencontrerait dans une petite ville de quelques dizaines de milliers d'habitants.



Cette relecture m'a aussi confirmé le coup de coeur que j'ai eu, la première fois, pour le personnage de Rō (Rui dans la traduction française. Un choix pas très heureux, d'ailleurs, mais on a échappé à pire, par exemple à Rou!). Il est pour moi à la fois le personnage le plus touchant et le plus intéressant de la série. C'est aussi celui qui, je trouve, évolue le plus: il est dépeint comme arrogant et immature dans les premiers chapitres, sans le moindre élément qui pourrait le faire paraître sympathique. Il devient pourtant un personnage attachant, un peu moins sombre, petit à petit plus ouvert sur les autres et sur lui-même. Il en vient même, vers la fin, à accepter d'envisager un futur sans Shinako. Sa relation avec Rio est littéralement bouleversante de douceur (et là, quel superbe contraste quand on se remémore la noirceur du personnage de Rō au début!), peut-être la plus belle de tout le manga.

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Son évolution, paradoxalement, ne sera finalement pas complète: malgré des efforts sincères, malgré le fait qu'il saisit réellement les occasions qui s'offrent à lui, puisqu'il tente l'aventure en Italie en suivant dans un premier temps Rio, il reste prisonnier de son amour pour Shinako. C'est certainement lui l'amoureux le plus éperdu de toute la galerie de personnages que nous offre Kei Tōme dans Sing yesterday for me. Son destin, c'est la part d'ombre de celui de Haru. La démonstration que toute la volonté du monde permet parfois d'arriver à ses fins, mais parfois pas.



J'en viens à la fin, cette superbe fin douce-amère, belle dans la forme et dans le fond, par le dénouement des différents couples. Douce-amère, car - et là c'est mon interprétation; je suis curieux de connaître votre ressenti - on pourrait croire un peu vite que tout se termine en beauté, dans un happy-end généralisé presque mielleux, du genre de celui que tant de fans de Game of Thrones semblent avoir regretté. On est contents pour Rikuo, mais surtout pour Haru, récompensée pour sa ténacité positive et sans faille - bel exploit, jeune fille!



Mais douce-amère, donc, parce que Shinako, elle, n'a pas avancé d'un pouce en quatre ans. Ou plutôt, et c'est encore plus sinistre, en dix ans, puisqu'une décennie exactement sépare les pétales de cerisiers qui sont tombés sur la mort de Yū de ceux qui, dans la toute dernière case du manga, commencent à tomber sous les yeux de Shinako. « Je n'aime pas beaucoup ces fleurs », concède-t-elle pourtant à Rikuo dans le premier tome! Ce qui ne l'empêche pas de se plonger dans leur contemplation chaque printemps depuis 10 ans, dans une sorte de pulsion morbide et irrépressible. Alors bien sûr, Rō rentre au Japon pour elle. Mais franchement, comment imaginer qu'une éventuelle relation entre Shinako et Rō ne se solde pas par un désastre absolu? Elle qui n'a jamais connu d'homme, peut-on réellement envisager qu'elle soigne son traumatisme en remplaçant son amour décédé par son petit frère? Et on ose à peine songer aux conséquences pour Rō. Il est vraiment difficile de mettre un voile sur le côté malsain d'un tel amour, détourné, piraté de son sujet réel! On retrouve bien là les penchants noirs d'encre de Kei Tōme pour le désespoir. La suite logique, c'est Shinako qui finit par se pendre à une branche de cerisier, l'air de ne pas y toucher, puis un Rō sous sédatifs lourds qui finit sa vie dans un hôpital psychiatrique pour schyzophrénie... non? Mais bon, il y a aussi du beau dans le tragique. Vraiment, quel beau manga. J'en relâche une petite larme.

Les épisodes inédits de l'anime vont très probablement ruiner cette fin, mais on a l'habitude... Et sinon, qui avait déjà remarqué que Delcourt s'est planté dans l'édition du tome 8 en plaçant en quatrième de couverture le résumé du tome 9? Déjà que les résumés spoilent les débuts de tome, là, les événements sont du coup annoncés un tome et demi à l'avance!


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Dernière édition : clash le 17/08/23 09:02; Edité 19 fois
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e m
Mangaversien·ne


Inscrit le : 21 Nov 2004

Message Posté le : 17/06/20 03:07    Sujet du message: Répondre en citant

Très interessant !

Par contre, moi qui n'ai pas encore eu l'occasion de regarder la dernière saison, je me serais bien passé du spoile concernant GOT Confus
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n.n
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clash
Mangaversien·ne


Inscrit le : 28 Sept 2005
Localisation : Genève

Message Posté le : 17/06/20 03:30    Sujet du message: Répondre en citant

Sincère mea culpa Embarassé J'ai édité l'avertissement
(je vois déjà les regards interloqués se demander le parallèle que j'ai bien pu trouver entre les deux!)
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Inscrit le : 21 Nov 2004

Message Posté le : 17/06/20 09:23    Sujet du message: Répondre en citant

Moi qui évitais soigneusement tout article relatif à la dernière saison de GOT Mort de rire

Pas de souci !
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melvin
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Inscrit le : 25 Jan 2004
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Message Posté le : 17/06/20 18:21    Sujet du message: Répondre en citant

Beau message clash merci d'avoir pris le temps d'écrire tout ça !
La relecture d'une traite d'une série que l'on a apprécié est toujours un moment super agréable. Parfois le temps passe vraiment vite et on se retrouve à la relire 10 ou 20 ans après, en se demandant si on aimera toujours ou si nos goûts ont évolué. Et en même temps, cela nous rappelle des souvenirs de l'époque où l'on a découvert l'histoire et les personnages, un petit goût de nostalgie. Depuis quelques années, j'ai enchaîné pas mal de relectures et il me reste encore du chemin à faire pour boucler toutes les séries de ma bibliothèque (surtout les plus longues : Jojo, Ippo, Naruto, etc...). J'en ai bien une dizaine en prioritaires qui me font très envie ! Surpris

Pour SYFM avec ses personnages de freeters, cela colle bien à l'air du temps avec la crise post-coronavirus et tous les jeunes qui vont galérer entre leurs études et un 1er job synonyme de véritable entrée dans le monde des adultes. C'est clair que le thème n'a pas vieilli.
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clash
Mangaversien·ne


Inscrit le : 28 Sept 2005
Localisation : Genève

Message Posté le : 02/07/20 00:14    Sujet du message: Répondre en citant

Flore a écrit:


Oui, il s'agit de Haru. Dans le premier tome, on peut vraiment dire qu'elle stalke le héros, et quand on apprend la raison, ça paraît légèrement ridicule.
Il y a peut-être autre chose d'expliqué dans les tomes suivants, mais dans le premier tome, c'est juste étrange...


Non, il n'y a rien d'expliqué de plus dans les volumes suivants. C'est effectivement un peu extrême, d'ailleurs Rikuo le dit d'entrée ("C'est complètement dingue"). Même Haru en a conscience à plusieurs reprises au fil de la série. Mais de là à dire que c'est farfelu, je sais pas... L'intensité d'un sentiment amoureux n'a parfois aucune corrélation avec la solidité du point de départ d'une relation, et tout peut s'auto-alimenter d'un seul côté, non?
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