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[EDEN] it's an endless world!
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Baptiste
Mangaversien·ne


Inscrit le : 04 Juin 2005

Message Posté le : 20/09/05 17:42    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis en train de lire l'article du Wikipédia sur le gnosticisme, et je n'y entrave pas grand chose. Il est confus et veut évoquer trop de choses en peu de mots.
Cela va rendre délicate toute discussion sur Eden et cette religion, mais bon. Si un spécialiste pédagogue passe par là... Sourire

Je ne suis pas du tout certain que le gnosticisme soit une bonne clé d'entrée d'Eden. Oui, il y a des éléments qui correspondent, et il y a évidemment une inspiration, mais cela me parait extremement exagéré d'affirmer qu'Eden est un décalque de la mythologie gnostique, comme le fait peu ou prou la mauvaise description du Wikipedia anglais, qui n'explique pas grand chose.
Surtout que rien ne permet d'affirmer que l'auteur ne se livre pas à une critique en règle du gnosticisme (il évoque Nietzsche une fois, et on sait ce qu'il pense de toute métaphysique).
Déjà que ça semble être le bordel dans la tête d'Endo (cf. les bonus)...
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Baptiste
Mangaversien·ne


Inscrit le : 04 Juin 2005

Message Posté le : 21/09/05 14:06    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis allé voir l'article de l'Encyclopédie Universalis sur le gnosticisme (on est Mangaversien ou on ne l'est pas :)). Il est d'une bien plus grande clarté que celui du Wikipedia, et ne s'empetre pas dans l'attirail lexical de l'ésotérisme gnostique. J'en reparlerais peut-être.
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Mithreus
Mangaversien·ne


Inscrit le : 25 Mars 2004
Localisation : Dans l'onirique contrée...

Message Posté le : 24/09/05 17:48    Sujet du message: Répondre en citant

Tiens, ça serait une bonne idée que tu fasses un point sur la gnose et le gnoticisme. J'ai lu l'Universalis il y a longtemps, mais c'est un point de culture que je n'arrive pas à "fixer" dans ma tête. Sans doute faute d'un bon exposé dessus Sourire
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Baptiste
Mangaversien·ne


Inscrit le : 04 Juin 2005

Message Posté le : 04/10/05 00:51    Sujet du message: Répondre en citant

Comme dit dans les précédents messages, je vais essayer dâ??établir si un rapprochement entre le gnosticisme et Eden peut être fructueux dans la compréhension du manga.
Mais il est nécessaire de préciser que malgré mes quelques recherches je connais très mal ce courant religieux (et franchement, je nâ??ai pas envie de le connaître plus). Jâ??ai essayé dâ??être prudent dans mon approche, préférant laisser de coté ce qui nâ??était pas clair plutôt que prendre le risque de faire des interprétations erronées, mais sâ??il y a des points obscurs, je mâ??en excuse. Nâ??hésitez pas à me faire répéter. :]
De toute façon, cette petite étude nâ??a évidemment aucune prétention à lâ??exhaustivité. Si quelquâ??un veut lâ??enrichir ou la démolir, quâ??il nâ??hésite pas. Ceci n'est pas un cours magistral (ou alors un cours magistral super confus et qui déborde du sujet :)) mais une invite à la discussion.

Tout dâ??abord, une présentation du gnosticisme. Elle est peut-être plus longue que nécessaire, mais jâ??ai tenté dâ??être assez complet pour espérer ne rien louper dans Eden. Même si les résultats sont maigres, qui sait, cela pourra servir à quelquâ??un (peut-être même cela a-t-il intéressé quelquâ??un !!! :D).
Et pis je ne sais pas dire non à Mithreus. ;)))))

Si à lâ??issue de cette présentation vous nâ??avez rien pigé, allez voir cet article, plus développé donc peut-être plus clair.

Pour commencer, situons brièvement le gnosticisme dâ??un point de vue historique. Câ??est un ensemble de sectes chrétiennes (même s'ils rejetaient le dogme romain et étaient considérés comme hérétiques) qui se développèrent autour de la Méditerranée (Antioche, Alexandrie et Rome étant les centres les plus importants) entre les Ier et IVe siècles - le IIe étant leur période dâ??apogée.
La délimitation du courant est rendue difficile par la variété selon les sectes des enseignements et des rites, par lâ??utilisation fréquente du concept de gnose dans un cadre non gnostique, et par lâ??accusation fréquente dâ??être gnostique de la part des chrétiens orthodoxes envers tout christianismes alternatif quelque quâ??il soit. Malgré tout, il se dégage une orthodoxie quâ??on peut tenter de caractériser.

Le gnostique se sent foncièrement étranger à ce monde, il a lâ??impression quâ??il est retenu dans une existence physique nâ??offrant que souffrances et pulsions animales, qu'il est prisonnier dâ??un corps qui empêche son âme de regagner le niveau transcendant, pur et céleste dâ??où il est originaire.
La gnose est la connaissance ultime et métaphysique de l'organisation hiérarchique du cosmos (gnosis signifie connaissance en grec) : le gnostique se remémore son origine dâ??étincelle divine, et par cette re-connaissance (en grec la vérité est a-léthéia, câ??est à dire a-oubli : souvenir) trouve le salut.
En clair : le pauvre chou a été kidnappé, emmené à lâ??étranger, et il croit que passer à CNN va lâ??aider dans ses emmerdements.

Jusquâ??ici, rien de très original : ce malaise, cette inadéquation au monde travaillent nombre de théologies ou de philosophies - à commencer par le platonisme -, qui répondent en opposant monde intelligible et monde sensible, le second dérivant du premier. La chute de lâ??être humain du spirituel vers le matériel et le problème de savoir comment remonter existent déjà chez pas mal de monde.

Ce nâ??est donc pas suffisant pour constituer le gnosticisme. Pas de probâ??, jâ??amène la caractéristique suivante, qui tente de répondre à la question classique : « comment croire en dieu alors que le mal existe ? » Pour le gnostique, ce nâ??est pas un problème : le mal peut bien gouverner le monde, cela nâ??invalide pas lâ??existence et la bonté de Dieu. Pourquoi ? Parce que le créateur de ce monde nâ??est pas le vrai dieu, mais un sous-dieu débordé par la passion, un mauvais démiurge qui a créé le monde à son image. Et hop, le théologien retombe sur ses pattes. Le Démiurge veut nous faire croire quâ??il est seul (peut-être le croit-il vraiment), mais en vrai il est originaire dâ??un dieu supérieur, transcendant, absolu, premier (le Propater (dâ??ailleurs si quelquâ??un saurait laquelle de ces trois traductions que jâ??ai trouvé est la bonne : Père Fondateur, Père avant le père, Père à la place du pèreâ?¦)).
Là où ça devient franchement funky, câ??est que pour les gnostiques, le démiurge, câ??est le Dieu quâ??on connaît, câ??est le Yahvé de lâ??Ancien Testament ! Câ??est très drôle, parce que câ??est quasiment une inversion du récit biblique : le Serpent nâ??est plus un sbire de Satan, mais un envoyé du dieu originel qui apporte la distinction du bien et du mal aux humains, la gnose qui leur permettra de remonter vers le monde divin. Et Satan nâ??est plus un ange déchu par Dieu mais carrément assimilable à Dieu, puisque tous deux sont vus comme la source du mal. Par contre, Jésus est toujours un messie, mais envoyé par le Propater pour sauver les hommes malheureux..

Câ??est là quâ??est le schisme, la différence foncière, et vous comprenez maintenant pourquoi les gnostiques étaient considérés comme hérétiques, leur enseignement nâ??avait pas de quoi ravir juifs et catholiques !
Il y a une seconde raison de cette haine : les gnostiques déconsidèrent toute tentative dâ??amélioration morale, car de toute les façons ce monde nâ??a aucun importance, puisque ils seront heureux dans lâ??autre. Lâ??Homme est le jouet dâ??une lutte qui le dépasse et "le salut qui résulte de la gnose est seulement conscience d'être sauvé. [...] Le gnostique est sauvé par nature." (Je cite l'Encyclopediae Universalis.)

Vous me direz que la question du mal nâ??est pas résolue, que parler dâ??un autre dieu transcendant ne fait que remonter le problème dâ??un cran, car si le Démiurge émane du Propater, pourquoi celui-ci permet lâ??existence dâ??une entité si mauvaise ? Bonne remarque, on voit que vous suivez. On peut y répondre en reconnaissant que le Propater nâ??est pas omnipotent, quâ??il nâ??est que le centre dâ??un univers bâti en cercles concentriques et que lâ??imperfection dâ??un être est fonction de son éloignement de cette source originelle. Mais là, câ??est ce que jâ??ai supposé, je nâ??ai lu ça nulle part, même si les gnostiques ont certainement réfléchi au problème et apporté une réponse quelque part.

Puisque jâ??ai commencé à en parler, autant continuer sur la cosmologie. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais elle est grosso modo la suivante : au commencement était le Silence, un abîme statique replié sur lui-même. Mais en lui, deux principes male et femelle veulent agir et se répandre. C'est le départ d'une génération successive d'Eons décroissants, allant par couple :
* Silence et Pensée ( Ennoia en grec, qui est le prénom complet d'Enoa...)
* Intelligence et Vérité ( Aletheia en grec, qui est le nom de l'alter ego féminin de Maya...)
* Parole et vie
* Homme Primordial (Anthropos :l'archétype donc, pas l'ersatz du monde sensible) et Ecclesia (traduction stricte : Assemblée, mais aussi Ensemble du cosmos (?))
jâ??en saute plein parce que chacun de ces couples engendrent à leurs tours de nouvelles séries, ce qui aboutit à une vraie armée mexicaine et jâ??arrive au dernier couple :
*Thélêtos et Sophia
Y a plusieurs versions pas très claires qui se chevauchent, mais disons que Sophia, lâ??éon la plus éloignée de lâ??abîme primordial, est pris d'un désir obsessionnel qui contrevient à l'ordre de ce cosmos primitif, d'un hubris quelconque. Désir de procréer sans sa moitié mâle, désir de s'accoupler avec le Propater, désir de le contempler en son essence (car même pour les Eons il reste ineffable), quelque chose comme ça. Toujours est-il que de cette passion dérégulatrice naît un nouvel éon, Ialdabaoth (le pâ??tit nom de notre mauvais démiurge), évidemment difforme et différent, puisqu'il n'a pas été créé dans les règles.
La gnose est comme je l'ai dit la la connaissance de la vérité sur Dieu et l'univers, mais concretement aussi la topographie du monde divin, du Plérome (plénitude en grec), et les divers clés, passes, signes de reconnaissance, qui permettent de franchir le Horos (la frontière) et les portes successives.


Maintenant, le gnosticisme et Eden. Allonzidonque.

Déjà, il est évident quâ??Endo ne cherche pas faire dâ??Eden un récit gnostique, au sens le plus bateau où les personnages chercheraient la gnose pour atteindre le Plérome. Il me semble aussi clair quâ??Eden nâ??est pas une répétition de la genèse gnostique ou dâ??un quelconque autre récit. Certains personnages portent certes les noms de figures mythiques, mais câ??est loin dâ??être systématique (pas trouvé dâ??Elia dans le gnosticisme, ni dâ??Hana), et il est difficile dâ??établir des correspondances de comportement entre le personnage et son homonyme. Par exemple Sophia est un éon prise de passion alors que Sofia est au contraire un personnage sans aucun désir, détachée dâ??elle-même. De même, Hélène (compagne de Simon le Magicien, censé être le premier gnostique) est une ancienne prostituée, mais je nâ??ai trouvé rien dâ??autre qui la rattache à Helena. Bref, il est impossible dâ??expliquer cette histoire par une autre qui lâ??engloberait ou la surplomberait : chaque événement nâ??est pas forcément symbolique, nâ??a pas forcément de signification inter-textuelle. Si on essaie, on tombera vite dans des systèmes dâ??interprétation des plus hasardeux. Peut-être une plongée plus profonde dans les textes gnostiques me ferait-elle changer dâ??avis, mais je ne le crois pas.
Mais si le récit dâ??Eden nâ??est pas intégralement ordonné aux mythes gnostiques, peut-être y retrouve-t-on des endroits où ces derniers seraient tout de même éclairants ; ou alors plus profondément peut-on retrouver dans cette oeuvre des conceptions inspirée de ce mouvement (ou allant contre). Mais vous allez voir que la pêche est assez maigre.


Tout dâ??abord Eden sâ??inscrit clairement dans un héritage gnostique dans la réécriture de la Genèse que constitue le tome 1 : Rain prend parti pour le serpent biblique et son comportement est très proche de ce dernier : il donne la connaissance à Enoa, ce qui le fait réactiver Chérubin, ce qui entraîne lâ??irruption du mal dans le jardin dâ??éden et le départ du couple Enoa-Hana (je parle symboliquement, lâ??enchaînement est bien sur plus compliqué que cela)).
Mais à lâ??inverse, il est tout aussi clairement anti-gnostique quand il donne le rôle de grand méchant au Propater, qui possède les attributs les plus évidemment gnostiques (le nom, le blason (un serpent entourant une croix latine)).
Mais pourquoi avoir choisi le gnosticisme comme influence du Propater ? Si Endo avait voulu dénoncer la religion comme instrument politique de névrose sociale, et choisi le catholicisme ou autre comme exemple, câ??était cohérent, mais en état ça ne colle pas du tout. Je mâ??explique.
Le Propater est une organisation oppressive et totalitaire, câ??est à dire quâ??elle cherche à imposer son projet politique à tous. Le gnosticisme câ??est lâ??inverse : il est ésotérique, câ??est à dire quâ??il sâ??adresse uniquement à quelques initiés, et spirituel, pas politique : il méprise le monde matériel, le salut nâ??est possible que dans lâ??au-delà.
Jâ??ai donc franchement du mal à comprendre où lâ??auteur veut en venir. De toutes façons la facette politique dâ??Eden nâ??est pas celle qui me convainc le plus : câ??est une facilité de faire dâ??une organisation le grand méchant (dans le bonus du tome 10 Endo fait explicitement le parallèle avec les USA). La scène du tome 9 qui montre une réunion de quelques personnes comme centre unique du pouvoir (ce nâ??est pas explicite, certes, mais lâ??impression) est pratique narrativement (affrontement dâ??Enoa et des hommes du Propater chacun dans leurs fauteuils et regardant le résultat de chaque offensive par écran interposé), mais dans la finesse elle me rappelle plus les Guignols de lâ??info.

Mais bon, si on ignore cette contradiction, on peut penser que le Propater est un simulacre de la religion gnostique, une version dévoyée, et que le Disclosure Virus est un schisme, une réforme (je rappelle que le virus et Maya sont originaires du Propater), une tentative pour retourner aux sources, à un original qui ne soit pas perverti. En effet, si les enseignements insistent sur le salut individuel, il arrivent que des textes lorgnent sur une eschatologie généralisée où la matière disparaîtrait. Effectivement, la vie post-humaine apportée par le Virus correspond asse au paradis gnostique : perte de la partie hylique (le corps) et psychique (lâ??individualité (un texte parle du franchissement de lâ??abîme entre le Moi et lâ??Etre)), seul reste la partie pneumatique (lâ??âme), qui atteint une forme de vie ultime. Egalement, Maya peut être assimilé au Sauveur christique (donc le Wikipédia qui lâ??assimile au Démiurge me laisse très perplexe (jâ??ai même modifié lâ??article, na)), puisquâ??il a des pouvoirs inhumains et dit être envoyé par dieu (même sâ??il le confond avec la nature, et le panthéisme est incompréhensible pour un gnostique).


Eden aussi bien que le gnosticisme sont pessimistes (au sens où le mal domine le bien) et voient le monde comme gouverné par la méchanceté et la cupidité.
Que nous dit Eden ? Que les êtres humains sont des projectiles, et que quelque soit lâ??énergie qui les animent, leur trajectoire est nécessairement courbe, et quâ??ils chuteront fatalement dans lâ??ignominie. Quoiquâ??ils fassent, leur course contre la déshumanisation est perdue dâ??avance. Ils sont toujours rattrapés par un perpétuel recommencement de leurs malheurs : Kenji, où quâ??il aille, retrouve symboliquement des montagnes au lieu de la mer dont il rêve ; Sofia revoit le visage de sa grand-mère dans celui de sa mère et pleure « parce que je répète les même schémas » ; Wycliffe qui assiste impuissant à la mort de Cachua, répétition de celle dâ??une enfant quelques années auparavant ; Elia qui devient comme Enoa qui lui-même est devenu comme Chris (je schématise)â?¦ La récurrence de cette figure veut clairement montrer lâ??ironie cruelle dâ??un cycle toujours répété. Dès quâ??un personnage essaie dâ??en sortir, il est violemment remis au pas (par exemple Sofia qui commence à aimer son fils et qui le perd aussitôt).
Câ??est si on veut assez proche de ce que prêchent les gnostiques, mais remarquons que câ??est une vision qui ne leur est pas exclusive. Endo pourrait lâ??avoir fait sienne dâ??après dâ??autres pensées, ou même développé personnellement. Câ??est de plus une vision assez enrichie.

Il y a un point où Eden sâ??écarte plus nettement du gnosticisme. Contrairement à ce dernier, il ne déresponsabilise pas lâ??Homme. Enoa, bien quâ??il souligne quelques pages plutôt lâ??impuissance humaine, le dit bien : « câ??est aux hommes dâ??assumer leurs erreurs ». De là, on peut affirmer que le concept religieux de mal nâ??est pas adéquat : les personnages ne sont pas les jouets dâ??une entité absolue et mauvaise mais dâ??un ordre immanent gouverné par la nature humaine. La cause du malheur des Hommes réside dans leurs actes.
Dâ??ailleurs, ce paradis auxquels aspirent beaucoup des personnages nâ??est pas dans un au-delà, mais dans un simple ailleurs, et tous sont condamnés à errer de lieux en lieux, en un tragique calvaire, espérant que là se trouve enfin leur bonheur (dâ??ailleurs pas de personnage qui soit consubstantiel à la série, rien que des lignes de vie dans un récit non-programmatique, un endless world - et rappelons que lâ??histoire commence lorsque le jardin dâ??éden sâ??ouvre, lorsque les compteurs sont remis à zéro : on est donc symboliquement au commencement dâ??un monde-). Le monde dâ??Eden est désespérément horizontal. Plus on parle de Dieu, plus il semble absent : si les personnages discutent tant de lui, câ??est quâ??ils cherchent désespérément des traces de son existence, parce quâ??ils ont lâ??envie dâ??être protégés par la foi quâ??ils pourraient éprouver en lui, de retrouver quelques certitudes. Mais nulle valeurs absolue, nul salut dans Eden (dâ??ailleurs je rappelle que lâ??auteur est athée).
Vous conviendrez que cette absence de dieu change tout : le gnosticisme est un dualisme total, qui méprise cette existence et veut sâ??en évader. Dans lâ??odyssée dâ??Eden au contraire, on pourrait dire que les personnages ne méprisent pas cette existence mais la détestent, parce que câ??est tout ce quâ??ils ont et que même lutter contre et chercher à lâ??améliorer signifie reconnaître son emprise irréductible et indépassable, signifie y croire. Et ils y croient, leur farouche volonté de vivre crève les yeux.
Dâ??ailleurs avez-vous remarqué que malgré le nombre de morts dans Eden il nâ??y a en tout et pour tout que deux suicides (que je sépare évidemment des sacrifices) ? Celui de Maya dans le tome 1 et celui de Pedro. Le premier est religieux, fanatique, et câ??est quasiment un sacrifice : Maya a offert sa vie à Dieu et sa mission accomplie il nâ??est plus dâ??aucune utilité. Celui de Pedro est lui aussi très particulier : il résulte du double assassinat dâ??Elia, qui a tué les deux seules personnes qui motivaient entièrement lâ??immoralité de Pedro : sâ??il sâ??est sali les mains, câ??était pour son frère et Manuela. Ces deux-là tués, qui plus est à lâ??aboutissement final de son plan de trahison, au moment précis où il les rejoignait et allait sâ??envoler vers son paradis, il nâ??avait plus aucune raison de vivre. Comme Pedro a l'air interdit de voir s'écrouler et disparaitre les deux êtres qui ancraient et orientaient sa vie, comme Elia est dégueulasse de l''avoir dans une succession sadique méthodiquement détruit.
Et quelle sublime case que celle ou Pedro, de face et les yeux fous, porte le pistolet à sa tempe.

[conclusion pleine d'esprit]


Dernière édition : Baptiste le 23/02/06 01:16; Edité 9 fois
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Baptiste
Mangaversien·ne


Inscrit le : 04 Juin 2005

Message Posté le : 04/10/05 01:50    Sujet du message: Répondre en citant

Pour ceusses qui auraient envie de tater du gnogno dans le texte, voici :
l'évangile apocryphe de Thomas,
l'évangile apocryphe de Marie Madeleine,
censés transmettre l'enseignement caché de Jésus (voui, parce qu'en plus les gnostiques étaient kabbalistiques) ;
et une présentation de la gnose de Valentin.


En tout cas ça m'aura au moins appris un truc : en matière de jargon les philosophes ont encore beaucoup à apprendre des théologiens : mais voyons mon cher, cet encratisme sotériologique relève évidemment du docétisme le plus théosophique !
Fok, je suis me trompé de vocation. M. Green
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Ishigami
Mangaversien·ne


Inscrit le : 30 Sept 2002
Localisation : Lille

Message Posté le : 28/06/06 19:31    Sujet du message: Répondre en citant

Eden 12 :
Avec l'espacement des sorties, j'ai eu du mal à me souvenir du fil de l'histoire (une relecture de la série s'impose) mais j'ai tout de même réussi à me remettre dans le bain. Eden est une série qui a pas mal changé au cours de son histoire. Ici, on a le droit à une espèce de thriller scientifique teinté de religion accompagné d'une double-enquête : la mort d'Helena et la recherche de la soeur d'Elia. L'intérêt de ce volume, pour qui suit la série depuis ses débuts, est qu'un voile important de l'histoire de la famille d'Elia se lève.
Il n'est pas toujours simple de savoir où l'auteur va mais ce volume remplit allègrement sa fonction de divertissement : l'action est au rendez-vous. L'intrigue, moins complexe et audacieuse que ce qu'on a pu lire précédemment dans Eden, suit son cours et s'avère tout à fait agréable à suivre. Quand aurons-nous la suite ?
_________________
Satoshi Shiki, ses mangas et l'actualité autour de son oeuvre sur Satoshi Shiki Fantasy
Mang'Impressions : Chroniques de lectures de mangas


Dernière édition : Ishigami le 28/06/06 20:51; Edité 1 fois
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shun
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Inscrit le : 01 Sept 2002
Localisation : charleroi la ville noir

Message Posté le : 28/06/06 20:14    Sujet du message: Répondre en citant

le tome 13 est prévu pour la rentrée, donc avant les fêtes de fin d'année.
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Groupe facebook de vente manga en Belgique :
https://www.facebook.com/groups/1024308591038526/
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licamien
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Inscrit le : 15 Juin 2005
Localisation : Tokyo

Message Posté le : 29/06/06 19:38    Sujet du message: Répondre en citant

Un tome à mon goût bien meilleur que le précédent même si je regrette que le flash-back ne soit pas plus long. Je pense en effet que la description qu'aurait fait l'auteur de la volonté de révolte de la soeur de Elia aurait été très intéressante.
Enfin en ce qui concerne la suite, je suis persuadé que la série va se finir au tome 15 ou 16. Tous les personnages aperçus au cours des 12 premiers tomes réapparaissent petit à petit et sont tous en Australie (entre autres Kenji et Sofia). Mais ce qui me faire dire ça c'est surtout le retour de Maya et l'explication de ce qu'était la disquette trouvée par Elia.
J'ai hâte de découvrir ce que peut faire Endo-sama sur un autre manga.
Il ne me reste plus qu'à patiemment attendre le tome 13 et 14 en français puisqu'ils sont déjà disponible depuis un bail au Japon.
_________________
Tu l'as vu ?
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Spawn
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Inscrit le : 01 Sept 2002
Localisation : dans le labyrinthe du go

Message Posté le : 29/06/06 22:56    Sujet du message: Répondre en citant

le passage entre Mana et Maya m'a rappelé celui entre Sofia et Maya durant le volume 6 (je crois) ... Un voyage dans le passé pour regler ses conflits interne.

L'existence de Maya et son role reste encore un mystere, j'ai hate de voir la rencontre entre Maya et Leetheia, ce dernier me parait plus evolua, ceci serait du a son evolution conditionnés uniquement par ses propres choix ? Maya ne semble n'avoir aucun maitre, n'obeir qu'a ses desires. Leetheia, elle, a ete conditionner par le Nomad, elle a une mission et se doit de l'executer ... Meme si elle apparait tres évolué, elle ne semble pas aussi "supperieur" que l'est Maya.

Sinon ya aussi la puce trouvé dans le collier du frere de Pedro qui n'a pas été encore identifié
_________________
Le Go est sans fin.
on ne peut qu'y avancer pas à pas, recherchant la lumiere.
Le labyrinthe du go me tient pour toujours.
Je n'ai pas encore atteint le coup divin...
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kent
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Inscrit le : 24 Jan 2003
Localisation : in ze kenthouse

Message Posté le : 30/06/06 11:59    Sujet du message: Répondre en citant

Y a des moments comiques parfois ds cet évangile de Thomas:

34: Jésus a dit;: «Si un aveugle conduit un aveugle, ils tombent tous les deux dans une fosse.»

66: Jésus a dit;: «Montrez-moi la pierre que les bâtisseurs ont rejetée;: câ??est elle, la pierre dâ??angle.»
moi jdis la maison va pas tenir..

105: Jésus a dit;: «Celui qui connaît son père et sa mère, on lâ??appellera fils dâ??une prostituée.»
des fois je pige pas...

bref, Eden n'est visiblement pas un manga ou le suspense est si intense et ou l'émotion nous fait chialer ou ressentir des frissons. je trouve Eden plus intéressant philosophiquement qu'autre chose meme si les dires des persos sont souvent tout petit.... C'est pourquoi le gnotisme ici n'a a voir que parce que mister Edo veut faire son mix de religions et essayer de tirer quelque chose de vrai, de sur pr lui meme. Edo se cherche peut-etre. peut-etre pas religieusement vu qu'il est athé comme vous dites mais dans sa confiance a donné aux hommes etc. enfin pure hypothese!
mais rien que pour cette recherche de lui meme a travers son histoire...je suis vraiment intéressé Sourire
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Dernière édition : kent le 30/06/06 17:23; Edité 1 fois
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Baptiste
Mangaversien·ne


Inscrit le : 04 Juin 2005

Message Posté le : 30/06/06 16:16    Sujet du message: Répondre en citant

Kent, je te conseille d'écrire mieux, cela dessert #Icecream ton propos.


Citation:

Il n'est pas toujours simple de savoir où l'auteur va mais ce volume remplit allègrement sa fonction de divertissement : l'action est au rendez-vous

Bref : soporifique.
Je n'ai j'ai lu que la moitié du tome, mais j'ai ressenti à sa lecture une déconnection de plus en plus grande entre la forme et le fond : d'un coté, un thriller convenu, de l'autre une vague quête scientifiquo-new age. Eden, dans ses premiers tomes, était fort parce qu'il ne parlait pas mais montrait : la vision du monde de l'auteur était exprimée par le récit, par la forme. Rien de démontré dans Eden, que du nerf et de l'émotion. Ce qui n'exclut pas de nous faire ensuite réfléchir.
J'ai essayé de sauver Eden en disant que cet éloignement entre la forme et le fond, cet abîme là où il devrait y avoir du sens était maitrisé, voulait encore dire quelque chose, que c'était une extinction, un étouffement de la vie, que le mal n'était plus hurlé mais suggéré par le vide, négativement. A présent je doute. Endo, Endo, pourquoi nous as-tu abandonné ?
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kent
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Localisation : in ze kenthouse

Message Posté le : 30/06/06 17:25    Sujet du message: Répondre en citant

Ah excusez moi mister coin coin
ayé j'ai édité
c'est mieux?

Enfin j'ai cette pensée qu'avec 3 tomes donc je peux pas parler avec vous des avancées ou reculs effectués par l'auteur dans les derniers tomes sortis.
J'espere ne pas ressentir cela si je continue la série
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Ishigami
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Message Posté le : 30/06/06 18:50    Sujet du message: Répondre en citant

Il est vrai qu'Eden a changé. Auparavant, le scénario était plus réfléchi, plus complexe. Avec ses premiers volumes, c'était le manga que je lisais à tête reposé, dans le calme, pour bien comprendre le déroulement de l'histoire, les personnages et les factions en jeu. Depuis quelques volumes, la lecture est plus facile. Eden est devenu un pur divertissement, type "blockbuster". Plus d'humour, plus d'action. Le manga ne me déplaît pas pour autant mais il invite clairement moins à la réflexion. A la fin du volume, on passe rapidement à autre chose alors que dans les premiers volumes, Eden restait dans la tête, soit pour entretenir et cerner les réflexions de l'auteur, soit pour se remémorer le scénario en essayant de relier les différents éléments qu'on avait en notre connaissance.
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michael
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Message Posté le : 30/06/06 19:34    Sujet du message: Répondre en citant

Je n'irai pas jusqu'à dire que Eden est devenu un "blockbuster", je pense même qu'on en est loin...
Ce n'est pas la première partie du dernier volume qui semble me donner raison, avec l'humour heu... pas drôle et cassant tout le côté sombre de "l'enquête"... Mais si on y regarde bien, il reste toujours l'avancement d'Elia et sa maturation en tant qu'être humain qui reste là. Il tue de sang-froid, mais c'est aussi pour éviter la souffrance qu'inflige une torture. Il y a toujours une certaine ambivalence, légère, mais toujours présente.
Si Eden s'en tenait à ça, on pourrait tout de même se dire que la série "a bien changé", mais ce n'est pas le cas avec cette deuxième partie du dernier volume, qui nous dévoile la passé de la grande soeur d'Elia, l'histoire de sa famille, avec un Endo qui nous revient au meilleur de sa forme, et je pèse mes mots.
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Ishigami
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Message Posté le : 30/06/06 19:58    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis d'accord avec toi. Le rapprochement avec un "blockbuster" était évidemment une exagération de ma part (même s'il semble devenir plus facile, le manga garde une substance que n'a pas un bête "blockbuster"). Les points que tu soulèves sont effectivement ceux qui m'ont marqué dans ce douxième volume.

Je trouve l'évolution d'Elia intéressante. Il fait le fier, le désinvolte mais ça n'est qu'une façade. L'auteur en fait beaucoup (trop ?) sur la "légéreté" d'Elia qui est à la base d'une bonne partie de l'humour du volume (la scène du début... hum). En revanche, les souffrances, le malaise qu'il peut ressentir restent en retrait. On le ressent mais ça n'est pas exposé de manière grossière et caricaturale. A ce propos, le passage suivant les tortures que subit un personnage dans ce volume est très réussi. Peu de dialogues, un Elia grave (pour une fois), un regard qui en dit long et SPOILER la prise de drogue (loin d'être banalisée par le mangaka, elle est un des thèmes de ce volume - cf. Gina, la grande soeur de Elia) FIN DE SPOILER. Ce passage a d'autant plus d'impact que lorsqu'on tourne la page, on tombe sur une scène comique et légère. Le contraste entre la différence de ton de ces deux passages fait son effet sur le lecteur.

Le retour sur la soeur d'Elia est un point clé de l'histoire d'Eden, évoqué depuis longtemps. Le voile se lève enfin dans ce volume et c'est sans doute le point central de ce douzième volume. Hiroki Endo traite plutôt bien ce passage (même si j'ai tendance à y trouver un petit côté cliché, prévisible, au niveau de son déroulement). C'est triste, c'est cruel, ça se termine mal (comme souvent chez Endo, on frôle le dénouement heureux pour tomber plus bas que bas - sauf que là, on était évidemment prévenu). Les personnages (Mana, Enoa) donnent cependant leur force à ce passage.

A part ça, j'apprécie toujours le traitement des personnages et c'est ce qui fait que la série continue à me plaire. J'attends de lire la suite pour voir où l'auteur va nous mener.
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